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Prescription de l’affaire Luca: «la douleur ne s’estompe pas»

Dix-sept ans après la découverte du petit Luca dans la neige de Veysonnaz en 2002, l’affaire sera probablement prescrite dans quelques jours, après le 25e anniversaire du désormais jeune homme, comme le veut la loi. Quant à Luca, il tente de mener une vie normale, malgré un lourd handicap.

20 nov. 2019, 05:30
Luca Mongelli, lors de son passage à Sion en 2012. Il avait alors 18 ans.

Le 22 novembre 2019, Luca Mongelli fêtera ses vingt-cinq ans. Un anniversaire qui aura un goût bien amer. Cette date ira de pair avec la prescription de l’agression dont le jeune Italien fut victime il y a dix-sept ans à Veysonnaz. Il avait alors sept ans. Cette prescription ne ferme toutefois pas totalement la porte à de nouvelles poursuites dans le futur. Aujourd’hui Luca tente de mener une vie normale en Italie.

«J’ai décidé de me battre»

Mais la famille Mongelli reste profondément marquée par ce drame. L’an dernier encore, le papa, Nicola Mongelli, racontait dans le livre «L’affaire du petit Luca» la mort cérébrale déclarée trop vite, la renaissance de Luca, les séquelles de l’accident, sans oublier les errements de l’enquête, le chien désigné comme seul coupable, le petit frère de Luca qui dessine des agresseurs. Aujourd’hui, pour ce père, «il est impossible d’oublier. Le coupable devra vivre avec des remords le reste de sa vie.»

 

Le dessin réalisé par le petit frère de Luca, qui était présent le 7 février 2002 à Veysonnaz. En bas à gauche, il se représente caché derrière un arbre, pendant qu’au sommet de l’image, il dessine son frère se faisant agresser. Le dessin, réalisé bien après les faits, n’a pas été jugé crédible. DR

 

Dans la postface de l’ouvrage, Luca disait sa joie de vivre, sa volonté de repousser ses limites. Avant d’ajouter: «la vie m’a joué un mauvais tour, alors j’ai décidé de me battre pour réussir malgré tout.»

Reconstitution à Veysonnaz

En cette fin 2019, le jeune homme ne veut plus parler de son «affaire». Il en a marre de ne pas être cru. Il a d’ailleurs encore été entendu au début de l’année par la justice valaisanne, tout comme sa maman qui devait préciser son emploi du temps le jour du drame. C’était à l’occasion d’une reconstitution organisée à Veysonnaz en janvier. Cela n’a rien donné.

«Seize ans après, à quoi rimait cette reconstitution», lâche dans un souffle Tina Mongelli dont la révolte est aujourd’hui teintée de lassitude. «C’est inhumain cette justice qui n’a pas travaillé sérieusement.»

La maman a-t-elle encore l’espoir de découvrir la vérité? «Aujourd’hui, il faudrait que celui qui s’en est pris à mon fils parle enfin. Mais cela sera difficile que ce vœu soit enfin exaucé, on arrive à la date fatidique de la prescription.»

 

Luca est en troisième année d’université.
Tina Mongelli, maman de Luca

 

Le jeune homme demeure depuis des années bien loin de Veysonnaz, à 1200 kilomètres au fond de l’Italie, à Bari avec sa mère. Il y vit avec les graves séquelles de ce drame qui a ébranlé une famille et secoué tout un canton au fil de nombreux rebondissements.

Malgré sa cécité et une tétraparésie fortement handicapante, Luca va de l’avant. Il a entrepris des hautes études.  Après des études au collège qui lui ont permis d’obtenir une maturité classique, Luca a entamé un cursus en sciences de la communication à l’Université de Bari.

«Il est en troisième année. Son objectif est l’obtention de son diplôme universitaire l’an prochain» raconte Tina, sa maman, qui se bat comme une lionne depuis toujours pour que son fils puisse avoir une vie aussi normale que possible.

Notre étudiant ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. «Il enchaînera avec deux ans de spécialisation. Mais il n’a pas encore choisi dans quelle voie il entend se diriger.»

Ses amis et la musique

Il n’y a pas que les études dans la vie de Luca. Et il y a aussi la musique. «Elle demeure le pilier central de sa vie. Il joue toujours du piano, principalement de la musique classique, mais aussi des titres de variété», racontait il y a quelques jours encore sa maman.

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Et puis, le jeune homme est entouré d’amis. «Ils sont à l’écoute et me considèrent comme l’un d’entre eux, conscients de mon état, sans pour autant me considérer comme différent» témoignait Luca l’an dernier.

Physiothérapie quotidienne

Reste un sentiment d’injustice qui est toujours vif chez les Mongelli. «C’est comme si c’était arrivé hier. Nous n’oublions pas. La douleur ne s’estompe pas.» Et même si les Mongelli le voulaient, ce qui est arrivé le 7 février 2002 à un petit garçon de sept ans leur est rappelé chaque jour.

«Il continue à avoir besoin de soins quotidiens de physiothérapie. Les dégâts que ce drame a provoqué à Luca, mais aussi à toute sa famille, est énorme. Cela, personne ne peut l’effacer.»

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