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Valais: une maman jugée pour avoir étouffé son bébé

Une maman risque dix ans de prison pour avoir jeté le corps de son bébé dans un molok. Un crime très rare en Suisse.

04 sept. 2017, 11:41
La prévenue risque 10 ans de prison.

Parce qu’elle ne voulait pas d’un quatrième enfant, une mère de famille a étouffé son bébé juste après l’accouchement, avant de jeter le corps dans un molok de la région sierroise en 2015. Selon le Ministère public, depuis 1980, quinze cas seulement ont été jugés dans notre pays. Et depuis 2004, un tel crime n’a plus fait l’objet de condamnation en Suisse. Ce, grâce à un changement sociétal et un meilleur accompagnement des femmes enceintes. 

Mais dans l’affaire valaisanne, l’accusée a tout fait pour éviter les rendez-vous médicaux-sociaux, refusant toute aide. Lundi, elle était jugée par le Tribunal de Sierre et risque dix ans de prison.

C’est en 2015 que cette femme âgée aujourd’hui de 35 ans cache cette quatrième grossesse à son entourage. Dans la nuit du 1er décembre, elle donne naissance à un nouveau-né dans sa baignoire. Elle coupe elle-même le cordon ombilical avec un ciseau, avant de laver et emmailloter le bébé. Puis de le placer à côté d’elle sur son canapé-lit.

Longue agonie

Pendant une heure, selon ses propres aveux, elle ne caresse pas, ni ne parle ou même regarde son petit. C’est ce dernier qui trouve de lui-même le sein de sa génitrice à moitié endormie et parvient à s’y nourrir pendant une demi-heure. 

C’est au levé du jour que l’accusée dépose le nouveau-né sur le tapis de la salle de bain. Avant de le tuer lorsqu’il se met à pleurer. 

Alors que l’enfant gigote encore quelque peu et pousse de petits cris, la maman sent toujours les battements de son cœur. Mais elle ne relâche pas la pression. Elle veut le tuer.

Ensuite, l’accusée dépose le corps sans vie dans l’armoire d’une chambre occupée par deux enfants, avant de préparer le déjeuner. Une fois les petits à l’école, elle place le bébé mort dans un sac à poubelle, puis dans un coffre sur le balcon. 

Elle décore le sapin de Noël

La maman se comportera ensuite toujours comme si de rien n’était. Elle prend le temps de décorer le sapin de Noël, de partager le repas de midi avec son aîné et ses parents. Et en début d’après-midi, elle se débarrasse du corps dans un molok avant d’aller faire ses courses dans un centre commercial. 

S’exprimant posément, sans apparente émotion, cette maman explique : «je n’étais plus moi-même. Une voix me disait : il ne faut pas le garder.» Nous y sommes : toute la question de ce procès est de savoir si au moment du crime l’accusée était sous l’influence des désordres biologiques et psychologiques que peut créer une grossesse chez certaines femmes. Ce qui lui permettrait d’être condamnée pour infanticide (puni d’une peine pécuniaire ou jusqu’à trois ans de prison). Mais l’accusation demande dix ans de prison, peine minimale pour un assassinat. Car le Ministère public réfute une telle influence psychologique dans le cas présent.

Le fait que la maman ait persévéré avec un sang-froid terrible pendant une demi-heure, alors qu’elle sentait que le bébé faisait tout pour survivre, risque de jouer contre elle. «L’accusée savait ce qu’elle faisait et a pris une vie. Une demi-heure ? Un chat jeté au bassin mourrait plus rapidement», dira le procureur Gwénaëlle Gattoni.

Sursis demandé

Pour la défense, assurée par Me Jean-Claude Vocat, au delà de «l’horreur des faits», il s’agit bien d’un infanticide. L’avocat parle d’un phénomène bien connu de dépersonnalisation lors l’accouchement. «Elle l’a vécu comme si rien ne s’était passé. Elle même a déclaré : c’est une autre personne qui a fait ça.» 

Le tribunal, présidé par Patrizia Métrailler, rendra son verdict cette semaine.

L’an dernier, l’accusée a subi une opération chirurgicale et ne pourra plus tomber enceinte. Elle élève ses trois enfants avec l’aide notamment d’une puéricultrice. «C’est une bonne mère» dira la défense, qui demande le sursis total. 

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