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Cor des Alpes: Nendaz est son écrin

Le Bernois Adolf Zobrist a gagné la finale du festival de cors des Alpes de Nendaz pour la deuxième fois en quatre participations. Portrait d’un passionné qui conjugue montagne et musique.

29 juil. 2019, 05:30
Adolf Zobrist alterne le cor des Alpes et le büchel avec talent.

«C’était pourtant mon tour, non?» Myriam Petit rigole en étreignant Adolf Zobrist. La Française et le Bernois s’échangent les places sur le podium du festival depuis quatre ans. «Il y a un petit combat entre nous, mais c’est absolument amical», précise le gagnant du jour. Sa première participation remonte à 2016 où, venu en curieux pour se faire une idée du niveau, il est reparti avec le trophée. Deuxième en 2017, vainqueur encore en 2019, Nendaz est devenu son écrin. Il en apprécie particulièrement l’aspect international. «Les Français, les Allemands et les joueurs des autres cantons m’apportent beaucoup sur leur manière de faire sonner le cor.»

Cor des Alpes et didgeridoo

«J’aime la compétition et normalement dans les fêtes de yodel il n’y a pas de classement.» Nendaz occupe donc une place de choix dans le calendrier d’Adolf Zobrist. Le milieu du cor des Alpes est une petite famille. Tous se connaissent et reconnaissent en lui le talent. Avant l’annonce des résultats, il était d’ailleurs le point de convergence de plusieurs regards, comme un présage.

Le goût pour la musique et les instruments du cru lui vient très jeune. «Je suis d’une famille traditionnelle. Mon père jouait du cor des Alpes, ma mère est yodleuse.» Dès son dixième anniversaire, il est formé par son père au cor et la passion vient dès les premières notes. «C’est un instrument avec lequel on peut faire beaucoup de choses en dehors du côté traditionnel. J’aime en jouer avec différents types d’orchestration.» Adepte de l’improvisation, Adolf Zobrist s’est essayé au jazz et forme même un duo avec son frère au didgeridoo.

Ses trois enfants n’ont pas encore mordu à sa passion : «Ils écoutent beaucoup de musique, chantent un peu, mais ne jouent pas encore. Peut-être un jour.» D’un autre côté, Adolf Zobrist constate que la tradition ne se perd pas, que des jeunes se mettent au cor des Alpes. «Il y a vingt ans, on leur disait que l’instrument était trop dur à apprendre, qu’il n’y arriveraient pas. Ce discours, heureusement, a changé.»

Les montagnes comme partition

A Nendaz, cette année, il a joué et gagné avec son büchel, une version mini du cor des Alpes, en forme de trompette, très appréciée en Suisse centrale. En contrepoint des tons bas et lents du cor, celui-ci permet des variations plus aiguës et plus rythmées, comme des petites danses. «Les deux se jouent avec le cœur, mais le cor prend racine dans le ventre là où le büchel vient de la tête.»

Les deux se jouent avec le cœur, mais le cor des Alpes prend racine dans le ventre là où le büchel vient de la tête.
Adolf Zobrist, vainqueur 2019 du festival de cor des Alpes

Sa manière d’alterner l’un ou l’autre démontre le lien fort qu’il entretient avec la nature. Les paysages sont ses traits d’union. Adolf Zobrist vient de Brienz, dans l’Oberland bernois, «la même région qu’ici, les mêmes panoramas, mais avec un lac». C’est dans les horizons saccadés qu’il puise son inspiration comme si les crêtes étaient sa partition. «Si je suis au bord du lac, en soirée, le cor convient mieux. Mais si je suis en montagne, s’il y a de l’écho, je prends le büchel. C’est une question d’atmosphère.»

 

5000 visiteurs malgré la météo
«Il faut accepter ce qui ne se contrôle pas et s’adapter au reste.» Président du comité d’organisation, Beat Eggel n’éprouve aucune amertume. Avec 5000 visiteurs, le bilan du 18e festival de cor des Alpes est positif. «J’aurais préféré voir les 150 joueurs autour d’un lac à Tracouet, mais ce n’est qu’une question d’image.» L’organisation dispose chaque année d’un plan B puisque la commune de Nendaz installe une tente durant tout l’été pour les différentes manifestations.
Le concours dit «traditionnel», c’est-à-dire sans partition et joué dans une seule tonalité a accueilli 95 joueurs. Beat Eggel se réjouit particulièrement du succès du concours «off» qui existe depuis l’année dernière. «Avec moins de règles, cette partie laisse plus de liberté. C’est l’occasion d’être surpris.»

 

Cent cinquante musiciens jouent l’un des morceaux d’ensemble du festival.

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