«Mon geste est peut-être extrêmement grave, mais je n’avais pas l’intention de tuer. Je voulais juste discuter de notre divorce et de mon fils», se défend l’accusé. Ce quadragénaire a été condamné vendredi à six ans de prison ferme par le Tribunal de Martigny pour tentative de meurtre et lésions corporelles. Il y a trois ans, Kahled* avait foncé en voiture sur son épouse, dont il vivait séparé, ainsi que sur le nouvel ami de celle-ci. L’épouse fut blessée au genou.
Bras dessus, bras dessous
Nous sommes en 2016. Le couple vient de se séparer et le mari n’accepte pas son expulsion de la maison familiale. Un soir de juillet, lorsqu’il voit sa femme marcher bras dessus, bras dessous avec son ami sur un trottoir de Charrat, ce mécanicien de nationalité suisse, très alcoolisé, voit rouge. Son avocate, Me Marie-Christine Granges, décrit un homme «à la faible intelligence, qui n’avait jamais été violent, mais s’est senti humilié».
Kahled injurie, menace, puis fonce sur le couple qui lui tourne le dos. Aujourd’hui, l’accusé se dit désolé, mais prétend avoir voulu effectuer une simple queue de poisson.
Réflexe salvateur
Pourtant, l’enquête a confirmé la trajectoire rectiligne du véhicule. «Ses dénégations frisent le ridicule. Si sa femme n’avait pas été écartée par son ami, elle aurait été heurtée de plein fouet», a martelé la procureure Emmanuelle Raboud qui demandait sept ans de prison.
En effet, son ami a eu le réflexe de pousser la femme dans un champ pour éviter qu’elle soit écrasée sous la voiture. «Je suis sûre qu’il m’a sauvé la vie», dira-t-elle. Quant à Kahled, il menacera encore l’ami avec un long couteau-scie avant de prendre la fuite dans un camping à Champex.
La police tire au flash ball
Lorsque la police investit son mobile-home, Kahled s’est encore montré menaçant, brandissant une scie japonaise. Il a fallu tirer avec un flash ball pour le neutraliser.
Le Ministère public a demandé que l’accusé soit placé dans une institution spécialisée pour soigner son addiction. «Je ne bois plus, il n’y a pas d’alcool en prison», a expliqué le prévenu au président du tribunal, Florent Boissard.
L’ex-épouse reste marquée par cette tentative de meurtre, dira son défenseur, Me Vincent Hertig. Quant à son ancien ami, il a été longuement «traumatisé et vient seulement de retrouver un emploi», indique son avocate Me Ludivine Détienne.
*Prénom d’emprunt.