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Bagnes: accusés de la mort d’un cycliste, ils ne seront pas jugés

Le procès de cinq hommes, accusés d’homicide par négligence après la mort d’un cycliste à Bagnes en août 2013, a tourné court mercredi. Le juge a demandé une expertise technique dont le résultat tombera trop tard, l’affaire étant prescrite le mois prochain, sept ans après les faits. La famille se dit écœurée.

15 juil. 2020, 16:00
Le drame a eu lieu en août un peu plus loin sur ce chemin à gauche, qui part de la route menant à Bruson.

Le chef de la sécurité de la commune de Bagnes, deux cadres de Téléverbier et deux autres de l’entreprise Garaventa devaient être jugés mercredi par le Tribunal d’Entremont. Ils sont accusés d’homicide par négligence, suite au décès en août 2013 au Châble d’un cycliste valaisan de 51 ans. Il n’en sera rien.

En effet, à la demande de la défense, emmenée par Me Gaspard Couchepin, avocat du chef de chantier de Garaventa, le juge Pierre Gapany s’est résolu à ajourner le procès et à demander une expertise, les circonstances de l’accident n’ayant pas été suffisamment établies par le Ministère public.

«C’est scandaleux!»

Un expert devra être désigné, mais il lui sera impossible de rendre sa copie d’ici au mois prochain et donc avant la prescription de l’affaire, prévue par la loi sept ans jour pour jour après les faits. «C’est scandaleux et choquant pour la famille! Il n’y aura ni procès ni jugement. Cela démontre le dysfonctionnement du Ministère public qui est seul responsable de cette issue», commente son avocat, Me Loïc Barras. Pour Me Gaspard Couchepin, «le juge a sauvé l’honneur de la justice en ne couvrant pas l’incurie du Ministère public».

Selon l’épouse de la victime, «les normes de sécurité n’ont pas été respectées au Châble, comme l’a montré l’instruction. Mais les accusés auront la mort de mon mari sur la conscience toute leur vie.» A ses côtés, son fils, lâche, dans une rage contenue: «Nous attendions ce procès depuis si longtemps.»

Le Ministère public attend d’examiner la décision du juge avant de s’exprimer. Ce dossier avait pris du retard notamment parce qu’il est passé dans les mains de plusieurs procureurs successifs.

Contre une barrière de chantier

Sur le chemin de la Creuse, la victime avait percuté une barrière mal signalée du chantier de construction du téléphérique Le Châble - Bruson. Devenu tétraplégique, ce père de famille était décédé six semaines après l’accident.

Mercredi au tribunal, tout le monde s’apprêtait à se renvoyer la balle pour définir les responsabilités de l’accident. Avocate du directeur romand de Garaventa, Me Marie-Claire Pont-Veuthey réfutait toute négligence de son client, alors que Me Pascal Revaz, défenseur du directeur technique et d’exploitation de Téléverbier, rappelait que «Garaventa était responsable du chantier, Téléverbier n’étant que le maître d’œuvre».

Me Olivier Couchepin, avocat du directeur du chantier pour Téléverbier, montrait du doigt la commune de Bagnes. «Mon client faisait confiance à la police communale qui ne lui a pas dit qu’il fallait s’adresser à la Commission cantonale de signalisation routière.»

Mais pour Me Philippe Lorétan, avocat du chef du Service de la sécurité publique de Bagnes, «on essaie de faire porter le chapeau à la commune qui n’a précisément aucune compétence en matière d’autorisation».

Ces joutes oratoires n’ont plus lieu d’être. Il n’y aura ni plaidoiries ni jugement. Que ce soit un acquittement ou une condamnation. On ne connaîtra même pas les peines que voulait requérir le procureur Grégoire Comtesse contre les accusés.

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