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Les escargots de Giétroz

VINCENT PELLISSIER EPFL, INGÉNIEUR ET ÉCONOMISTE

31 déc. 2010, 08:29

Il y avait de grandes tablées chez mes grands-parents. Nous habitions cette même maison. Ça ressemblait à une transmission de l’histoire, par capillarité avec les grandes personnes. Toujours du monde à cette table, ouverte sur le monde. Ajouter un verre, une chaise et un couvert était régulier, essentiel. Nous, petits, plongions dans ces discussions, écoutions les paroles, passionnément. Souvent, nous avions droit aux escargots, ramassés avec grand-père. Il y avait là Francis, parlant d’une bastonnade, jadis, de poires aussi, du courage d’imaginer une Grande Place pleine d’humanisme. Pierrot reprenait alors l’épopée deMaurice Troillet, le Rhône déjà, l’industrie. C’était à qui avait eu la plus brillante vision à travers les temps. Etait-ce PhilippeMorand ou Bernard de Torrenté rêvant le plus grand espace public de Suisse, les Iles? PuisMarc entonnait l’amour de ce vieux pays, des prémices de l’agriculture intégrée, la résistance des barbus américains. Très longtemps, j’ai imaginé des fiers cow-boys...

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