Faire sortir l’art contemporain de son image intellectuelle et élitiste figée, c’est l’un des buts de la Triennale Valais/Wallis 2017, le rassemblement d’art contemporain qui se tient dès samedi et jusqu’au 22 octobre. Il regroupera au total une centaine d’artistes. Le site principal est le Relais autoroutier du Saint-Bernard et le secteur de l’étang du Rosel, tandis que de nombreux autres endroits du canton accueillent des expositions.
«Dans un lieu comme ce restoroute, la plupart des gens qui seront là ne se rendront pas compte qu’ils sont au milieu d’une exposition d’art contemporain. Nous avons souhaité créé cet effet de surprise», note Anette Kummer, présidente de LABEL’ART, association qui a pour but de mettre en valeur l’art contemporain en Valais et qui met sur pied cette Triennale. «Dans l’art contemporain, il n’est pas nécessaire de tout comprendre. L’art a toujours un secret qui reste.»
Lang/Baumann, "Comfort #16", 2017, Polyester, bois, soufflerie, acier, 10 x 2.4 x 5 m. © CHRISTIAN HOFMANN
Au total, cette quatrième édition de la Triennale regroupe les œuvres de trente artistes, qui ont proposé leurs créations aux trois curateurs, Véronique Mauron, Julia Hountou et Simon Lamunière, afin d’habiter le relais autoroutier et ses environs, avec des œuvres qui se fondent dans le paysage, dans un endroit hors des lieux d’exposition habituels.
Quitter l’autoroute
Le fil conducteur de cette Triennale 2017 est le Rhône. «Nous avons choisi un endroit où tout se resserre, une sorte de nœud où les gens passent: le coude du Rhône», explique Simon Lamunière. «Nous aimerions inciter les gens à quitter l’autoroute, même s’ils ne sont pas venus pour la Triennale.»
Delphine Reist, "Surveillant", 2017, Béton, caoutchouc, 3 fois 80 x 30 x 60 cm © CHRISTIAN HOFMANN
Véronique Mauron, elle, souligne la notion de passage, liée à cette exposition en plein air. «Ici, les voitures, le train, le fleuve passent. Il y a aussi le sens métaphorique, le passage de la vie à la mort, de la plaine à la montagne.» L’exposition du Rosel se décline à partir du préfixe «Trans», donnant lieu à des développements autour de thèmes comme la transfiguration, la transformation, la transaction ou la transmutation. Confrontés à un lieu de loisirs, de détente, de restauration, un endroit qui voit affluer des gens venus de partout, les artistes ont eu tout loisir de se questionner, tantôt avec sérieux, tantôt avec davantage de légèreté.
Le relais autoroutier semble un terrain favorable pour rendre bien visible l’art contemporain, ce que la Triennale s’attache à faire depuis sa création en 2007. Julia Hountou, la troisième curatrice de la manifestation, précise au passage que beaucoup de gens demandent si cette manifestation a pour sujet l’autoroute. «Pas uniquement», s’empresse-t-elle de préciser. «Cela parle aussi de voyage, d’imaginaire, de paysages, de consommation, de loisirs. Plein de questions sont soulevées dans ce lieu.»
Laurent Faulon, "Mitsubishi brûlée-vernie", 2017, Voiture, vernis, 2 x 5 x 1.5 m env. © CHRISTIAN HOFMANN
Les visiteurs ont jusqu’au 22 octobre pour découvrir l’art contemporain sous un jour peut-être moins ennuyeux et intellectuel que ce que les lieux communs laissent à penser.
>>Retrouvez toutes les informations sur la Triennale 2017 en cliquant ici.