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Par crainte du Covid-19, des cas d’infarctus consultent trop tard

Certains hôpitaux ont constaté une diminution des consultations urgentes liées à des infarctus du myocarde ou des accidents vasculaires cérébraux. Une situation qui inquiète plus qu’elle ne réjouit.

04 avr. 2020, 18:00
En cas d'infarctus du myocarde, une intervention rapide permet de limiter la nécrose du muscle cardiaque.

C’est une conséquence de la crise sanitaire liée à la pandémie que les professionnels de la santé redoutaient. Certaines personnes tardent à réagir en cas d’urgence, par peur de contracter le virus en étant en contact avec le milieu médical et hospitalier, ou par crainte de venir surcharger des services d’urgence déjà fortement sollicités.

Une attente délétère

A l’Hôpital du Valais, le docteur Grégoire Girod, médecin chef du service de cardiologie, alerte sur ce phénomène: «Nous avons vu arriver ces derniers jours plusieurs patients avec des infarctus, qui n’ont malheureusement pas consulté immédiatement. Certains ont attendu jusqu’à trois jours.» Selon le spécialiste, ces faits sont «plutôt inhabituels et surtout très délétères pour le pronostic: l’infarctus du myocarde est une situation urgente à traiter rapidement».

Après trente minutes, il y a déjà des dégâts, au-delà de douze heures, c’est souvent trop tard
Dr Grégoire Girod, médecin chef du service de cardiologie à l’Hôpital du Valais

Lorsqu’une artère du cœur se bouche, le muscle cardiaque n’est plus complètement irrigué. Cela entraîne une nécrose, dont l’étendue peut être limitée par une intervention cardiaque percutanée rapide, c’est-à-dire sans ouvrir le thorax mais en passant par le bras ou l’aine pour procéder à la dilatation de l’artère coronaire. «Après trente minutes, il y a déjà des dégâts, au-delà de douze heures, c’est souvent trop tard», résume Grégoire Girod, le muscle cardiaque est alors irrémédiablement endommagé. Les conséquences sont une insuffisance cardiaque, avec des difficultés à souffler et un pronostic vital engagé sur le moyen terme. «On parle d’une mortalité de 50% à cinq ans», précise Grégoire Girod.

Appeler le 144

Le cardiologue rappelle les symptômes: une douleur très forte dans la poitrine, comme une brûlure ou un serrement, qui persiste au-delà de 10-15 minutes et qui peut irradier dans la mâchoire ou les bras. «En cas de doute, il ne faut pas hésiter à appeler le 144, et ce jour et nuit, rappelle-t-il. Se rendormir en se disant qu’on appellera le lendemain n’est pas une bonne idée.» D’autant plus qu’à tout moment de l’infarctus, la personne peut faire un arrêt cardiaque. «Lorsqu’on appelle le 144, les personnes au bout du fil savent également faire le tri», rappelle le Dr Grégoire Girod.

L’hôpital n’est pas un lieu plus à risque concernant l’infection par le Covid-19
Dre Magali-Noëlle Pfeil, médecin cheffe de service des urgences de l’Hôpital Riviera Chablais

Contrairement aux idées encore ancrées dans les esprits, les femmes font tout autant d’infarctus que les hommes. Leurs symptômes sont toutefois parfois moins typiques. Si l’oppression thoracique demeure, d’autres signaux comme une grande fatigue soudaine et un essoufflement ou encore de fortes nausées sont parfois relevés.

A lire aussi : Mesdames, sachez reconnaître les signes de l’infarctus

Peur de la contamination

«L’hôpital n’est pas un lieu plus à risque concernant l’infection par le coronavirus», rassure la Dre Magali-Noëlle Pfeil, médecin cheffe de service des urgences de l’Hôpital Riviera Chablais. Des filières dédiées ont été mises en place pour la consultation des patients avec des syndromes grippaux, et les mesures d’hygiène sont scrupuleusement suivies. «Il faut absolument que les gens consultent en cas de douleurs rétrosternales (localisée derrière le sternum, ndlr) ou de troubles neurologiques notamment, mais également en cas de traumatisme grave.» Car si le Covid-19 prend beaucoup de place, dans les hôpitaux, les esprits et les colonnes des journaux, les autres pathologies continuent de se produire.

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