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Inventaire du patrimoine: pour apprendre à connaître ce que l’on a

Les communes valaisannes ont l’obligation légale d’inventorier leur patrimoine. Mais comment s’y prend-on? Exemple concret à Collombey-Muraz avec l’architecte Pierre Cagna.

28 janv. 2020, 08:00
Pierre Cagna examine l'extérieur de chaque bâtiment du périmètre choisi.

«Voyez, ce grand portail en bois est tout à fait caractéristique de cette commune.»  L’architecte sédunois Pierre Cagna observe attentivement les bâtiments qui l’entourent. Une date, un matériau, une particularité architecturale: rien n’échappe à son œil expert et il prend instantanément plusieurs notes. «Cette bâtisse est intéressante pour ses encadrements en granit, produit dans les carrières régionales.» 

Un gros travail d’enquête

Depuis le mois de mai 2019, il inventorie plus de 200 objets à Collombey-Muraz. «Un périmètre d’analyse a été défini. Ce sont principalement les cœurs de chacun des cinq villages qui ont été choisis.» 

Et le travail est considérable: chaque bâtisse est étudiée, photographiée, puis notée (de 1 à 7, voir ci-contre) en fonction de sa valeur patrimoniale. Un document technique est alors rédigé avec les coordonnées géographiques, la fonction et une description historique pour tous les objets.

«Nous devons nous renseigner sur la raison d’une orientation ou d’un mode de construction. Ce n’est jamais un hasard et tout a une explication. C’est passionnant», s’enthousiasme Pierre Cagna, avant d’ajouter en désignant une autre maison: «Nous avons ici une grande galerie supérieure. Etait-ce pour sécher le tabac?»

Contextualiser les édifices

En face, de l’autre côté de la route cantonale, deux habitations de même envergure et situées à quelques mètres l’une de l’autre attirent son attention. Les façades soigneusement dessinées se ressemblent aussi étrangement. «Parfois nous devons contextualiser les objets entre eux. Ces bâtisses voisines ont vraisemblablement été construites à la même époque. Le toit à coupe rabattue est expliqué par les influences vaudoises et savoyardes. Pour toutes ces raisons, ces maisons méritent un 4+.» 

Faire l’inventaire de son patrimoine est une obligation légale à l’intention des communes depuis la mise en vigueur de la loi cantonale sur la protection de la nature et du paysage. C’était en… 2001. Pourtant, dix-neuf ans plus tard, seules trois communes – Saint-Martin, Mont-Noble et Venthône – ont terminé et homologué leur inventaire. 

Dans l’intérêt des communes

«Tous les inventaires communaux doivent être réalisés pour 2025, lors de la mise en application du nouveau plan directeur cantonal», précise Maria Portmann, conservatrice cantonale des monuments historiques. «Il est donc dans l’intérêt des communes d’entreprendre cette démarche rapidement car le travail est important.»

Important et coûteux. A Collombey-Muraz, l’inventaire, qui sera terminé en juin, aura nécessité dix-huit mois de recherches et de travail et 80 000 francs de budget. «A chaque nouvelle construction, nous nous questionnions sur le bien-fondé de modifier ou de démolir l’existant. Cet inventaire nous aide à prendre les bonnes décisions et sensibilise la population à la valeur de nos monuments», déclare Alexis Turin, conseiller municipal. Il connaîtra à la fin du travail de Pierre Cagna combien de bâtiments auront une importance historique à Collombey-Muraz.

A noter que, depuis l’automne dernier, l’Etat du Valais subventionne les inventaires communaux, s’ils sont réalisés selon les règles cantonales. Une aide qui pourrait convaincre des communes à franchir le pas.

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