Si le nombre précis des violences domestiques 2020 en Valais ne sera dévoilé que dans deux semaines, lors de la conférence de presse annuelle de la police cantonale, il montre une hausse des infractions par rapport à 2019 qui en comptait 912. «Il s’agit même d’une augmentation sensible», confirme Stève Léger, porte-parole de la police cantonale.

Une tendance à la hausse qui n’étonne pas Isabelle Darbellay Métrailler, cheffe de l’Office de l’égalité et de la famille. «Cela a été une année très compliquée avec ces confinements. Les chiffres de la police le montrent, mais cela ne se verra pas forcément dans d’autres statistiques comme celles de la LAVI (loi sur les victimes d’infractions), car il faut se rendre compte que, lorsque la victime doit rester à la maison avec l’agresseur, elle peine à appeler à l’aide. Plusieurs personnes imaginaient aussi que les centres LAVI étaient fermés au printemps dernier par exemple et elles ne les ont pas contactés.»

Les agresseurs plus nombreux à suivre une thérapie

Plusieurs auteurs de ces actes ont cependant continué à se rendre aux entretiens socio-éducatifs d’Alternative-violence, une prestation de Caritas Valais mise en place depuis l’entrée en vigueur de la loi sur les violences domestiques en 2017. Pour preuve, l’an dernier, 118 agresseurs les ont suivis. Parmi eux, plus de soixante personnes expulsées de leur domicile par la police et obligées de suivre et de financer elles-mêmes un premier entretien d’un montant de 200 francs.

Le but de ces entretiens peut être par exemple la gestion de la colère ou la manière de diminuer son stress.

Xavier Pitteloud, intervenant social à Alternative-violence

Plusieurs autres agresseurs – plus d’une cinquantaine – ont fait la démarche volontaire de suivre une séance, voire d’effectuer ensuite un suivi. Un nombre qui augmente régulièrement depuis la création de la structure. «C’est très positif car les séances sont encore plus efficaces avec une personne qui a choisi de se prendre en charge pour changer ses comportements», se réjouit Xavier Pitteloud, intervenant social à Alternative-violence.

Les entretiens donnent des outils concrets aux agresseurs pour désamorcer un comportement violent. «La prise en charge débute par l’instauration d’un objectif à atteindre au fil des séances pour améliorer la relation au sein du tissu familial. Ce but peut être par exemple la gestion de la colère ou la manière de diminuer son stress. C’est toujours en lien avec les comportements», ajoute Xavier Pitteloud.

Le coronavirus comme prétexte

Pour justifier les violences commises, les agresseurs évoquent des raisons différentes. «S’ils sont obligés de venir à l’entretien, ils externalisent la cause de leur passage à l’acte en parlant par exemple de stress, de problème économique ou, cette année, ils évoquent le Covid», explique Xavier Pitteloud. Au contraire, les auteurs de violences assistant aux séances de façon volontaire sont davantage conscients de leur responsabilité. «Ils disent clairement qu’ils sont violents.»

Si le nombre de personnes participant à ces séances se situe toujours entre 90 et 100, le nombre d’entretiens a fortement augmenté depuis la création de cette prestation. En 2020, malgré le semi-confinement, il a plus que doublé par rapport à 2017. «Nous avions eu 81 entretiens il y a quatre ans et 170 en 2020. C’est réjouissant, car cela signifie que de plus en plus de personnes font un suivi, ce qui permet de diminuer les risques de récidive», détaille Xavier Pitteloud.

Dans les pistes de modifications de la loi, l’augmentation du nombre d’entretiens obligatoires nous paraît une très bonne solution.

Isabelle Darbellay Métrailler, cheffe de l’Office de l’égalité et de la famille

Après quatre ans de pratique sur le terrain, il est aujourd’hui question d’augmenter le nombre d’entretiens obligatoires pour les personnes expulsées de leur domicile. «Une seule séance n’est pas suffisante pour faire un travail. Cela reste de l’orientation et c’est court pour convaincre l’auteur des actes d’entrer dans un suivi», explique Xavier Pitteloud.

La mise sur pied de trois entretiens obligatoires est évoquée, notamment par l’Office de l’égalité et de la famille qui prépare un rapport d’évaluation de la loi avec la commission cantonale consultative contre les violences domestiques. «Dans les pistes de modifications, l’augmentation du nombre d’entretiens obligatoires nous paraît une très bonne solution. Il y a également la question du coût à la charge de l’agresseur. Il faut peut-être diminuer le prix de la séance, car si la personne reste avec sa victime, cela touche l’argent du ménage et la victime paie aussi», souligne Isabelle Darbellay Métrailler.

Valais: une expo pour prévenir les violences domestiques chez les jeunes

L’exposition itinérante «Plus fort que la violence» sera présentée en Valais, alors que les chiffres présentant ce phénomène donnent le tournis.