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Valais: Christophe Darbellay veut mettre la Poste sous pression

La Poste va diminuer drastiquement ses offices en Valais. A la veille des ultimes négociations, le ministre de l’économie Christophe Darbellay met le géant jaune sous pression.

09 juin 2017, 17:15
En communicant les chiffres liés aux ultimes discussions sur les offices postaux, Christophe Darbellay veut mettre la Poste sous pression avant la dernière rencontre.

Le géant jaune poursuit la transformation de son réseau postal. Après Neuchâtel, Vaud et le Jura ces derniers jours, c’est le Valais qui est appelé à clore les pourparlers en début de semaine prochaine. Ou plus prosaïquement à entériner le démantèlement des offices postaux, tant la marge de manœuvre est considérée comme quasi nulle pour les cantons, la loi réglant ces questions au niveau communal.

Sauf que Christophe Darbellay, le ministre valaisan de l’économie ne l’entend pas de cette oreille. Et refuse «la politique du fait accompli. La Poste fait mine de dialoguer mais le couperet tombe ensuite très vite», s’insurge le Conseiller d’Etat. Qui veut donc mettre la pression sur le géant jaune à la veille du dernier round des négociations. En politicien aguerri qu’il est, l’ancien conseiller national estime que «l’ex-régie fédérale va beaucoup trop loin et beaucoup trop vite». A ce titre, les chiffres en possession du «Nouvelliste» sont édifiants pour quantifier la restructuration accélérée du réseau sur territoire valaisan. 

25 offices à l’horizon 2020

Trop loin d’abord. Sur 85 offices postaux dénombrés fin 2016, le canton pourrait n’en accueillir plus que 25 à l’horizon 2020. Le chef de département détaille. «Treize offices sont classés en «dialogue». Cette liste peut être considérée comme la marge de manœuvre du gouvernement. Mais c’est une chimère car la Poste a déjà pris la décision de transformer ces offices en agences dans sept cas sur dix. 37 sont dans une liste de «réexamen». L’expérience montre que la plupart de ces bureaux de poste seront transformés en agence postale.»

Trop vite ensuite. On assiste à une restructuration express en amont des décisions finales. Treize bureaux auraient déjà été supprimés en Valais durant le premier semestre 2017. Et cette impression que le géant jaune joue la montre dans un contexte flottant. La loi révisée lui permet cette marge de manœuvre alors que parallèlement, à Berne, les positions se crispent. Le Conseil national a largement adopté, fin mai, une motion de la commission des télécommunications ainsi qu’une proposition similaire de la PDC valaisanne Viola Amherdt demandant de redéfinir les critères légaux d’accessibilité des prestations postales.

Manque de sensibilité?

Globalement, selon une liste que nous avons pu nous procurer, les offices se concentrent le long du Rhône. La Poste envisage d’abandonner les bureaux traditionnels dans les vallées latérales comme à Champéry ou Evolène. Même l’office de la très touristique station de Verbier ou celui du très industriel bourg de Chippis sont sur la liste des transferts. Ce constat partagé, Christophe Darbellay formule plusieurs griefs. «Les cas concrets montrent la vision technocratique de la Poste qui n’apporte aucune nuance dans les régions pourtant fortes de leur tourisme et de leurs PME/PMI. Même dans l’économie 4.0, des paquets circulent! C’est un manque crasse de sensibilité envers la périphérie.» 

Objectif: 40 offices maintenus

Christophe Darbellay en est conscient. Le Conseil d’Etat ne dispose d’aucun pouvoir pour influencer la restructuration en cours de la Poste. Mais il a le pouvoir d’exercer une pression politique dont la médiatisation des chiffres fait partie. Et dont le géant jaune pourrait tenir compte. Ou non. 

Les tractations se joueront autour de quelques offices postaux. Le ministre de l’économie souhaite en sauver entre dix et vingt. Surtout, il ne veut pas être moins bien loti que des cantons comme Neuchâtel. «D’un point de vue de la géographie et de la densité, nous ne demandons pas être mieux servi que les Grisons. Mais si l’on applique le ratio de Neuchâtel, nous devrions conserver 55 offices en Valais.»

Et Christophe Darbellay de se projeter. «Si le chiffre de 25 offices à l’horizon 2020 devient réalité, j’aurai raté mon opération.» Pour autant, l’ancien président du PDC suisse n’appuie pas les propositions autour d’un moratoire sur la fermeture des offices soutenu par le Groupement suisse des populations de montagne et le gouvernement tessinois. «La Poste, cette très symbolique institution suisse 100% en mains de la Confédération, doit évoluer tout en tenant suffisamment compte des sensibilités régionales.» Y aura-t-il un bras de fer entre la Poste et le gouvernement valaisan? Réponse le 20 juin.

>>A lire aussi: Valais central: un tiers des offices postaux menacés de disparition?

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