Lors d’un séjour en Valais, j’ai eu à la fois la peur de ma vie et l’une des plus belles émotions que peut procurer un vin surmaturé.
C’était sur la route qui conduit à Derborence, une route de montagne escarpée que je n’oublierai jamais – et encore moins, le vin doux dégusté à l’arrivée – que j’ai doublement apprécié ce nectar après ce trajet excitant.
A l’époque, il ne portait pas encore son nom, mais aujourd’hui, il figure parmi les meilleurs de son genre. C’est à Derborence, très haut à la fin de la route, là où Francis Reusser a tourné en 1985 son film avec lequel il a gagné un an plus tard un César, c’est là, dans ce coin perdu que Jean-René Germanier m’a fait déguster ce qui allait devenir le fameux Mitis.
Pour aller à Derborence, on passe devant les vignes Amigne de Jean-René. Un véritable «atout culturel» selon moi. Près de 50 hectares d’Amigne sont répartis dans le monde et le centre est à Vétroz.
Il est rare de vinifier des vins doux de haute qualité, car seuls quelques microterroirs préférés en Europe combinent les conditions climatiques nécessaires à leur vinification. Le Valais est l’un d’entre eux. A la fin de l’automne, un champignon – le «Botrytis cinerea» – forme une pourriture noble à l’intérieur de la baie. Ce champignon consomme pratiquement la totalité de l’acide tartrique du raisin, le sucre se concentre, ce qui permet de vinifier à partir de ces raisins pourris mais «nobles», de grands vins doux au corps luxuriant et à la complexité extraordinaire.