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The Company of Men, bande-son d’une époque charnière

En dix chansons d’une élégance confinant à la grâce, le quatuor folk romand livre avec «Sounds of The Century» un deuxième album à la mélancolie sublime.

23 avr. 2020, 21:45
The Company of Men: Greg Wicky, Jeff Albelda, Sandro Lisci, Chris Wicky.

Il s’appelle Farhad. Il a dans les 40 ans, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Il travaille dans une baraque à frites en plein cœur de Berlin. Mais ça pourrait être n’importe quelle autre grande ville d’Europe. Farhad est de nulle part et de partout, Farhad n’a pas d’âge.

Farhad aime faire son marché, se promener dans les parcs, peler les oranges à la main, écouter de la musique dans le bus. Il aime courir dans les parcs et les rues de la ville et chanter le soir dans les karaokés. Et danser la nuit sur les parkings, seul. Farhad est un derviche en jogging. Il aime les gens qui l’aiment, et sans doute les autres aussi. Farhad est libre. Farhad est heureux.

Cette vitesse qui aplatit toute chose

A l’affiche de «Love the ones who love you», premier clip tiré de «Sounds of The Century», brillant nouvel album du quatuor folk romand The Company of Men, Farhad porte en lui ces «sons du siècle». Ces sons qui nous «murmurent que la vitesse à laquelle nous allons aplatit tout». Ces sons qui nous poussent à nous «accrocher à ce que l’on connaît: la lumière, l’espoir et les chansons qui font qu’on se ressemble. Et les premiers jours du printemps et les choses qui n’ont pas de nom» et pas de prix («Things that don’t have a name»).

 

 

On les avait laissés dans les salons helvètes, lançant un format de tournée intimiste (120 concerts) qui ne manquera pas de se développer chez les artistes de l’après-coronavirus. Ils défendaient alors une première galette, «I prefer», qui laissait poindre derrière les harmonies vocales à la maîtrise irréprochable quelque chose faisant d’eux des sortes de réincarnations romandes de Crosby, Stills, Nash & Young. Ou de Simon & Simon & Garfunkel & Garfunkel.

A lire aussi: Le Valais sublimé dans un clip vidéo de «The Company of Men»

Une œuvre précieuse

Avec ce deuxième opus, la «Compagnie des Hommes» – le Valaisan Jeff Albelda et les Vaudois Greg Wicky, Chris Wicky et Sandro Lisci – ajoute à l’élégance de sa première évidence discographique une cohérence faisant de «Sounds of The Century» une œuvre – déjà – précieuse. 

«Cette cohérence, c’est sans doute ce dont on est le plus fiers», souligne Jeff Albelda. «Au premier album, tu te réunis, tu cherches les terrains communs, chacun amène ses envies – il y avait un peu de soul, des parfums de films des seventies. On ne savait pas si ça allait marcher. Et puis à force de concerts, tout fusionne. Là, un cap est passé, tout a été composé dans cette optique d’harmonies vocales.»

La mélancolie sublime de ce splendide qui n’est plus

Une ligne qui, teintant tout à la fois la forme – un travail d’arrangement qui confine à l’orfèvrerie – et le fond – le propos même de ces dix chansons –, en fait un opus d’une sublime mélancolie. Une couleur sonore que l’on retrouve d’ailleurs dans le visuel même de l’album, crépuscule rougeoyant signé Arnaud Ele, dans un graphisme du bureau valaisan Forme.

 

Il y a quelque chose dans la fausse prétention de ce titre qui synthétise le moment charnière qu’on est en train de vivre.
Jeff Albelda, membre du groupe The Company of Men

 

«Cette mélancolie des choses qui passent nous habite beaucoup, et Greg (ndlr: dont la voix prend sensiblement les devants sur la plupart des morceaux de l’album) en est sans doute le plus imprégné. Il adore les ruines des civilisations passées, ces choses qui ont été sublimes et qui ne sont plus.» 

Transposé, par la grâce de la métaphore, aux relations amoureuses, l’éphémère des choses nourrit «Sounds of The Century» d’un bout à l’autre, en faisant la bande-son d’une époque. «Il y a quelque chose dans la fausse prétention de ce titre qui synthétise le moment charnière qu’on est en train de vivre», reconnaît Jeff Albelda. «Il y a une idée de temps, il y a l’importance d’apprécier ces moments qui sinon passent trop vite. Et on est à un âge on où prend conscience que les choses ne sont pas éternelles.»

L’ici et le maintenant

C’est quelque chose de cette sagesse-là qui a guidé la réunion des quatre musiciens, qui avaient fait notamment les beaux jours de Favez et Chewy, groupes phares de la scène rock helvétique des années 90. Et c’est quelque chose de cette lenteur retrouvée qui leur a fait couper les amplis – pas complètement non plus, un rockeur reste un rockeur – pour privilégier la chaleur des salons des gens. 

 

On a enlevé tout ce qui était de l’ordre de la lourdeur.
Jeff Albelda, membre du groupe The Company of Men

 

«On a enlevé tout ce qui était de l’ordre de la lourdeur», résume Jeff Albelda. «Là, on passe les quatre dans ma voiture avec le matériel. Et en cinq minutes on est prêts, on est avec les gens, à partager tous le même moment, sans le piédestal de la scène. Il n’y a pas de volonté de conquête. C’est l’ici et le maintenant qui comptent.»

Ecoute et commande de «Sounds of The Century", The Company of Men (Vitesse Records)

 

 

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