Il a 10 ans. La veille, son père lui «a appris la vie», comme il le lui répète chaque fois qu’il le lacère avec sa ceinture. «Tu me remercieras plus tard!» ajoute son bourreau en hurlant. A chaque coup, le garçon se réfugie en lui, dans un endroit secret qu’il a patiemment construit depuis quatre ans. Depuis le jour où son père, l’haleine alcoolisée, est revenu du travail dans une colère noire.
La première fois, il a pleuré sous les assauts paternels. Il s’est fait traiter de lopette. Et les coups ont redoublé. Il a donc choisi de créer son abri intérieur. Un endroit invisible aux yeux de tous et essentiel pour sa survie. Car il a compris qu’il ne pourrait compter que sur lui. Même sa mère ne lui serait d’aucun secours. Elle qui encaissait aussi des dizaines de coups sans se rebeller. A l’extérieur de la famille, personne ne voyait rien. C’était sans espoir. Résigné, il ne pensait plus aux lendemains, se bornant à survivre. Puis, cette semaine, il a vu une solidarité hors du commun. Un cœur à cœur intense, une chaîne humaine créée pour aider les enfants comme lui. C’est pile à ce moment-là qu’il a retrouvé l’espoir.