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Rentrée des classes! La chronique de Frédéric Recrosio

18 août 2018, 05:30
Frédéric Recrosio

Ça y est, ils vont débouler, les écoliers.

Chaque année, fin août, c’est pareil : des milliers d’enfants surgissent des immeubles, par grappes, envahissent les trottoirs en formations groupées, en portant un cartable deux fois plus gros qu’eux, et qui leur rebondit sur le dos parce qu’ils courent. 

Ils courent tout le temps ! Et ils poussent des cris – ce qui peut se comprendre : si je devais courir tout le temps, moi aussi je hurlerais.

Bref, ça fonce tous azimuts, à croire que les enfants vivent sous le régime de la précipitation. Dans tout. Sans but précis, sans motif véritable, et en agitant les bras - on dirait des chimpanzés bourrés. Je suis pas biologue mais je me dis que c’est peut être physiologique : ils ont un corps trop petit, qui ne parvient pas à contenir toutes les envies qui naissent à chaque seconde.

C’est d’ailleurs pour ça qu’on a inventé l’école (je vous le dis parce que ça vous intéresse). Pour les neutraliser. Imaginez qu’ils grandissent comme ça ! A courir partout ! Sans but précis, sans motif véritable ! Comment voudriez-vous qu’on en fasse des employés d’usine, des cadres de bureau, des soldats ?

Donc voilà : lundi, ils devront se rassembler dans la cour de l’école avant la sonnerie, vite se comparer les bracelets ramenés d’Italie, organiser le groupe whatsapp pour se moquer de la maîtresse et, bien sûr, scruter le nouveau… Et puis… DING-DONG ! « Serrez les rangs ! Au pas ! Et chut ! » criera un adulte en chandail.

C’est alors qu’ils s’engouffreront dans le grand bâtiment de domestication, où leur seront assénés leçons, exercices et autres admonestations… Et je te parle pas du « par cœur » ! Toute la table de multiplication ! Evidemment que c’est laborieux : le cœur résiste, il est fait pour aimer.

Bon, le système doit concéder quelques libertés… pour pas que les gamins implosent. C’est le cas dans tout milieu carcéral : à un moment, on lâche les prisonniers dans la cour. Et c’est la récré ! 

Faut voir ça : trop longtemps contenue, la vie rejaillit de partout. Les enfants ont tout compris : la vie, c’est du vacarme, l’envie fait du bruit.

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