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Raphaël Epiney, quand le hasard fait bien les choses

A l’heure où le marché du vin est incertain, un banquier a quitté le milieu des affaires pour prendre la direction de la cave Ozenit. Malgré les difficultés, il croit au potentiel des vins du Valais.

04 août 2019, 18:00
Raphaël Epiney a travaillé vingt-quatre ans dans le milieu bancaire avant de prendre la direction de la cave Ozenit.

Il a rangé son costard-cravate pour une tenue plus décontractée. Raphaël Epiney, actif dans le milieu bancaire jusqu’en 2018, joue depuis les «gentlemen winery». Un pari osé pour celui qui connaît comme sa poche le milieu économique et viticole valaisan. «Durant vingt-quatre ans, à l’UBS, j’ai suivi des entreprises et plusieurs caves. Je connais les difficultés que le monde vitivinicole traverse, mais je crois au potentiel des vins du Valais et je suis passionné par les vins en général.»

C’est le hasard qui va transformer sa vie en le faisant rencontrer «une famille romande peu commune, des gens issus de la terre qui préfèrent investir dans un domaine en Valais plutôt que dans des secteurs à plus forts rendements», on n’en saura pas plus car Raphaël Epiney a gardé une discrétion toute bancaire.

Le team de choc

Fin 2017, quand on l’approche pour reprendre la direction d’Ozenit, Raphaël hésite peu. «Au-delà de la gestion financière des affaires, il s’agissait de positionner cette cave fondée en 2013, de trouver une ligne marketing, de décrocher des marchés… Ça s’annonçait passionnant!»  
 

Au-delà de la gestion financière, il s’agit de positionner cette cave fondée en 2013, de trouver une ligne marketing, de décrocher des marchés…


Mais avant d’accepter, le Sierrois demande à rencontrer l’équipe déjà en place. Delphine Dubuis, une œnologue pointue doublée d’une âme d’artiste, Sedef Danzer, une commerciale diplômée de l’école du vin de Changins, Béatrice Dubuis, responsable de la viticulture, qui «chouchoute» les vignes comme personne, et Michel Grandchamp actif dans les réceptions et les foires. Un team de choc, presque une affaire de famille: Béatrice est la maman de Delphine.

«C’était très important pour moi de savoir que je pouvais compter sur des collaborateurs motivés et aux compétences complémentaires.» A l’entregent et à l’efficacité de Sedef, s’ajoute le talent de Delphine, qui partage son temps entre Ozenit et la cave de Jean-René Germanier et qui a déjà glané moult médailles, étoiles et autres distinctions.
 

L’artiste Claude Dauphin, proche des propriétaires, orne certaines séries spéciales comme ces magnums d’œuvres exclusives. ©Sacha Bittel

Le domaine

En 2013, c’est en rachetant le Caveau saviésan situé au cœur du village de Drône, que les nouveaux propriétaires ont décidé de fonder Ozenit pour développer une gamme Réserve et travailler la qualité de la gamme Cavo.

Ils tombent – encore un heureux hasard – sur Delphine Dubuis. La jeune femme rêve d’imprimer sa patte sur une gamme particulière. A la maîtrise œnologique, elle ajoute une touche poétique. Etiquettes, packaging ou encore petits slogans ravageurs, c’est elle. Ozenit peut encore compter sur l’artiste Claude Dauphin qui a orné certaines séries spéciales et dont on peut admirer les œuvres dans les locaux commerciaux qui abritent également son atelier.

Revenons au domaine. Ozenit, aujourd’hui, c’est 5,5 ha de vignes répartis entre Randogne et Chamoson, sans oublier Chalais ou Saxon, idéalement situés sur la rive gauche à l’heure du réchauffement climatique. «Nous cherchons encore quelques vignes à acheter pour atteindre 8 à 9 hectares, une taille plus facilement rentable.»

La vision stratégique

Car s’il veut y croire, Raphaël Epiney ne cache pas qu’il s’est engagé à relever un sacré défi. Pas facile de rentabiliser une petite cave dont la production tourne autour de 40 000 à 45 000 bouteilles (20 000 pour les vins Réserve, le solde pour le Cavo).

«Il faut mouiller sa chemise. Aller sur le terrain pour séduire le client – nous serons d’ailleurs à Verbier du 3 au 11 août avec les œuvres de Claude Dauphin –, lui donner envie de venir chez Ozenit plutôt qu’ailleurs, développer l’œnotourisme – nous allons restaurer une superbe petite guérite. C’est une sacrée gageure, car le client est volatil, zappeur. Mais le potentiel des vins du Valais est indéniable. C’est sur nos spécialités, Petite Arvine, Païen, Cornalin ou encore Humagne rouge que nous devons miser.»

Une petite guérite va être restaurée pour accueillir les clients au cœur du vignoble. ©Sacha Bittel


Et Raphaël Epiney de prôner une présence accrue sur le marché alémanique, un regroupement des forces, «nous devrions démarcher la Suisse allemande en groupe pour augmenter nos moyens afin de mettre sur pied des events d’envergure. Il suffirait que les Suisses alémaniques boivent un peu plus de vins suisses et moins d’étrangers pour développer le marché.»

Le dernier rapport de l’OFAG (Office fédéral de l’agriculture) souligne que bien que les Suisses boivent moins de vins, la consommation des crus helvétiques en 2018 a augmenté (+3,4% pour les rouges et 1,6% pour les blancs) tandis que celle des vins étrangers a baissé. De quoi réjouir notre ancien banquier.
 

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