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Pont sur la Dala: l’idée brillante d’un ingénieur

«Le Nouvelliste» propose vingt épisodes sur des ouvrages d’art et cols alpins valaisans. Le pont sur la Dala impressionne par son mode de construction.

07 mai 2020, 09:04
Le pont sur la Dala: une sobriété qui s'inscrit dans le paysage.

En collaboration avec le Service cantonal de la mobilité.

Varone et Loèche sont reliés par le pont sur la Dala qui détient le record de la plus longue portée libre de Suisse.

A 140 mètres au-dessus du torrent, l’ouvrage, long de 209 mètres, offre un raccourci entre les deux localités. Les travaux de construction ont débuté en juin 1987 et se sont terminés dix-huit mois plus tard.

Le torrent de la Dala a creusé une gorge profonde, un obstacle naturel difficilement franchissable entre Loèche-Ville et Varone. Les deux communes se sont associées pour réclamer une nouvelle liaison routière car la route d’Inden qui relie les localités est étroite et dangereuse par ses constantes chutes de pierres.

Le projet officiel de l’Etat du Valais était celui d’un pont haubané de conception révolutionnaire avec un tablier très mince. Mais suite à l’appel d’offres, une «variante entreprise» moins coûteuse et assez ingénieuse a été proposée en collaboration avec l’ingénieur René Ryser, un constructeur déjà bien réputé.

Les ponts à béquilles permettent de franchir de grandes brèches, ils sont également choisis pour leur esthétique qui épargne au site des lignes verticales. Mais ici, c’est sa technique de construction qui a été une première en Suisse et qui a marqué les esprits.

La technique de «lançage»

Dans ce chantier, deux éléments ont été déterminants pour Joseph Jacquemoud, ingénieur au Service des ponts et chaussées de l’époque, qui a suivi «toute l’épopée»:

«D’abord, la capacité de l’entreprise à réaliser des fondations le long des parois abruptes de la gorge, à 120 mètres de haut grâce à une sorte de via ferrata qui amenait les ouvriers. Mais aussi, l’idée incroyable de René Ryser d’utiliser le métal définitif comme échafaudage provisoire.»

Il faut dire que René Ryser est déjà familier de la méthode de construction dite de «lançage». Les ouvriers ont monté les béquilles en position verticale sur des appuis provisoires permettant de les basculer. Après le basculement des béquilles, les poutres maîtresses sont lancées dans leur position finale jusqu’au milieu de l’ouvrage.

Le basculement, qui a duré environ huit heures, se fait à l’aide de câbles, une poussée aux poutres maîtresses et une retenue aux béquilles. La même opération est effectuée sur l’autre rive. Il a fallu compter sur une entreprise spécialisée dans la manutention des lourdes charges pour assurer les manœuvres.

Les articulations sont finalement remplacées par des appuis définitifs. «C’était une idée brillante qui techniquement était tout à fait réalisable car les calculs sont finalement assez simples. Mais l’idée était futée et innovante!»

La liaison entre Varone et Loèche offre un itinéraire de sécurité au cas où la route cantonale serait inaccessible. Photo: Sacha Bittel

Un itinéraire de sécurité

Si le pont a été pris en charge par le canton du Valais, c’est que la nouvelle route constituait un itinéraire de sécurité entre le haut et le bas du canton en cas de destruction de la route cantonale par l’Illgraben lors de fortes intempéries. «La liaison locale avait aussi un intérêt cantonal qui a motivé les députés de voter le budget pour sa réalisation», conclut Joseph Jacquemoud.

Le 14 décembre 1990, les deux communes ont pris possession de la liaison routière attendue dans une ambiance de fête villageoise.
 

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