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Partons à la cueillette des plantes sauvages avec Marlène Galletti, 2/2

Nos yeux ont perdu l’habitude de repérer les plantes sauvages. Et nos papilles, de les apprécier. Mais il n’est jamais trop tard pour retourner aux sources de la cueillette et de la cuisine pleine nature.

24 mars 2019, 08:00
Les primevères officinales cueillies le matin garniront la salade du jour de l’herboriste Marlène Galletti.

Depuis Dorénaz, quelques minutes en téléphérique suffisent pour atterrir en douceur à Champex d’Alesse. L’endroit est réputé pour ses sentes partant à l’assaut des Follatères, où plus de 80 % de la flore suisse est représentée. Le fief est donc bien fleuri et la cueillette débute en bordure d’une route peu fréquentée, la tête dans les nuages. Lys martagon, hellébore, lothier, narcisse, sauge… l’herboriste Marlène Galletti énumère les noms de plantes épanouies ou en devenir.

Mais attention, tout n’est pas cueillable ni consommable. «Certaines plantes sont protégées ou toxiques ou encore volontairement délaissées en raison de leur forte amertume comme par exemple ce petit bugle pyramidal» prévient-elle. Pour le reste, origan, serpolet, myosotis, orties revitalisantes attisent notre convoitise.

Cueillir par tous les temps

L’équipement est minimaliste: un panier d’osier ou un sac en tissu laissant respirer les végétaux. Et pour le reste, nos meilleurs outils sont nos mains et nos ongles pour couper sans précipitation la plante. Marlène Galetti cite un proverbe arabe qui lui tient à cœur : «une fleur brutalement arrachée perd sa saveur». Lorsqu’elle emmène son groupe de cueilleurs, l’herboriste ne s’attarde guère sur les racines. «Ce  geste induit une forme d’empiètement sur l’environnement. Je préfère couper net et propre une tige en sachant que la plante repoussera. Bon ceci dit, si je tombe sur un joli parterre de chicorées, il m’arrive d’en prélever parcimonieusement quelques racines.»  

Lors d’une balade aromatique, prévoyez de bonnes chaussures et des habits adéquats pour la journée. «Je n’annule jamais les rendez-vous. La pluie fait partie du jeu. Une autre histoire se bâtit entre les participants quand les conditions sont plus rudes». Les randonnées sont programmées du printemps à l’automne. «Nous profitons largement de chaque saison grâce à la verticalité de notre canton.

 

Ail des ours, la star du printemps

Sous les arbres, ça se bouscule. L’ail des ours est en fleurs. Les Celtes consommaient déjà ce super détoxifiant (même contre les métaux lourds!) pour se donner des forces avant les batailles. Ses feuilles et fleurs seront consommées de préférence crues pour préserver leurs saveurs, mais elles supportent la congélation. Les bons plans de Marlène: l’ail des ours est excellent en pesto avec des graines de tournesol ou ajouté dans le potage en fin de cuisson. «Attention en  le cueillant, il est possible de le confondre avec de très toxiques colchiques et muguets.»

 

Lors de grandes sécheresses, je recherche plutôt des endroits ombragés et humides. Et quand le temps est maussade, il faut savoir renoncer aux zones marécageuses». Pour une question de qualité de cohésion du groupe, le nombre de cueilleurs est limité à une dizaine de personnes. Le partage est valorisé, les questions fusent et les paniers se remplissent au gré des besoins de chacun.  

 

1 Primevère officinale

Que de vertus pour une si petite fleur de printemps! Calmante, expectorante, antirhumatismale, antihistaminique, elle agit contre les vertiges, les maux de tête nerveux, l’insomnie et la toux.

2 Egopode 

Aussi appelée herbe aux goûteux, elle est partout, surtout dans les endroits ombragés et les lieux humides. Tout le monde en a besoin vu son efficacité contre la goutte et les rhumatismes. Cette plante détoxifiante est en outre extra en cuisine.

3 Aspérule odorante

 

Cette plante calmante pleine de douceur parfume le vin de mai, diffuse son arôme dans les glaces et crèmes brûlées. Elle est plus rare en Valais central, cueillez-la sans empiéter sur son territoire.

4 Pissenlit 

Il en existe 1200 sortes botaniques. Ce grand détoxifiant du foie est magique. Fleurs et feuilles s’apprécient en salade, les tiges se suçotent pour digérer et la racine s’apparente à de la chicorée.

5 Lierre terrestre 

Présent dans les endroits humides (presque tous les gazons vaudois et alémaniques), voici  la plante des poumons. Les fleurs illuminent la salade, les feuilles à saveur balsamique se mangent fraîches sous peine de dégager un fumet de bouc.

6 Berce 

Le ginseng des Alpes. Elle est bien présente et, gustativement parlant, c’est un cadeau. Les feuilles très jeunes, à consommer immédiatement, donnent la pêche. En cuisine, glissez-la dans vos gratin, tarte, soupe, etc. La plante des créatifs!

7 Alliaire 

Abondante à l’état sauvage, elle pousse en bordure de route, de pré, de sous-bois. Son léger goût d’aïoli est très agréable en cuisine. Stimulante, béchique et diurétique, cette plante discrète ne compte pas pour des prunes.

8 Pâquerette 

La fleur de Pâques s’épanouit toute l’année. Rafraîchissante, légèrement laxative, antalgique et antispasmodique, elle fait partie des stars des salades. Prenez le temps de la déguster car son goût est très particulier.

9 Cardamine 

Voici une plante des milieux humides, abondante notamment au pied des Dents du Midi. De la famille du cresson de fontaine, elle se prête bien au pesto. Dépurative, énergétique, riche en souffre, c’est une alliée de vos poumons.

 

Infos pratiques

Montagnarde multifacettes, accompagnatrice de moyenne montagne, fromagère et même bergère, Marlène Galletti revient aux sources de la nature par le biais de l’herboristerie. Elle propose des balades aromatiques ainsi que des stages incluant cueillette et atelier cuisine de plantes sauvages. Infos: www.aromalp.ch  Tél. 079 771 41 03

 

Ce sujet est à lire dans notre magazine «Terroirs» de mars

 

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