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Ouvrages d’art et cols alpins valaisans: les trois ponts de Saint-Maurice

«Le Nouvelliste» propose une série en vingt épisodes sur les ouvrages d’art et cols alpins valaisans: Saint-Maurice possède trois ponts emblématiques.

30 mai 2020, 12:00
Trois ponts sur le Rhône en enfilade: celui de l'autoroute A9, le pont Sarrasin et le pont dit romain.

En collaboration avec le Service cantonal de la mobilité.

Pour franchir Saint-Maurice, vous emprunterez probablement l’un des ponts qui traversent le Rhône. Enclavée au pied du rocher, la porte d’entrée du Valais alpin – hors Chablais – possède trois ouvrages emblématiques: le pont dit romain, le pont Sarrasin et le pont de l’autoroute A9.

Trois ponts, deux en long et un en travers qui ont sorti les Valaisans de leur isolement. Ancien conseiller d’Etat de 1997 à 2008, le Saint-Mauriard Jean-Jacques Rey-Bellet les connaît bien: «On pourrait encore mentionner le pont de Lavey, transversal lui aussi, qui a remplacé un ancien pont de bois construit par l’armée au début de la Seconde Guerre Mondiale, mais qui a été détruit par un incendie en 1970. Aujourd’hui, son trafic dense montre la vitalité des échanges entre Lavey et Saint-Maurice.»

Pour Jean-Jacques Rey-Bellet, les trois premiers ouvrages sont cependant caractéristiques: «Comme dans une pièce de théâtre, ils présentent une unité de lieu.» 

William Turner a immortalisé le défilé

Le pont du château ou pont romain franchit le Rhône perpendiculairement. Réalisé à la fin du XVe siècle en une seule arche grâce à l’étroitesse du défilé, il succède à un pont du XIIe siècle. Le peintre anglais William Turner s’est arrêté là. Il a saisi la puissance du fleuve, le château et le pont qui le surplombent.

Il n’est pas le seul à avoir été marqué par l’étroit passage. Pour rejoindre le Sud, ils ont tous passé par ici. Napoléon aussi. «Avec les collines de Sion, le col du Grand-St-Bernard et la Pissevache, il a été certainement le site le plus figuré du Valais romand», rappelle Jean-Jacques Rey-Bellet.

On l’appelle le pont «romain» par tradition mais il ne reste pas de vestiges indiquant que les Romains aient bâti en leur temps un pont en bois ou en pierre à cet endroit précis.

Le pont Sarrasin prévu pour l’autoroute

Le pont intercantonal de Saint-Maurice ou pont Sarrasin, en béton précontraint, a été construit en 1957 par Alexandre Sarrasin, ingénieur bien connu originaire de Saint-Maurice. Long de 177 mètres, le nouveau pont battait le record mondial des ponts-poutres sans articulation. Il est aussi largement dimensionné – pour son passage, on a dû entailler la falaise – car on prévoyait y faire passer l’autoroute.

Les autorités lui ont finalement préféré un autre itinéraire moins près de la ville: «L’autoroute de Saint-Maurice a nécessité une quinzaine d’années d’âpres discussions et occasionné une vingtaine de variantes avant que le passage se fasse de façon respectueuse avec le tunnel de l’Arzillier pour traverser le défilé, un nouveau pont et une galerie couverte.

Globalement nous avons eu gain de cause grâce au président Udriot», se souvient l’ancien l’ingénieur et géomètre. Entre le tunnel de l’Arzillier et la galerie couverte, le pont haubané en éventail qui franchit le Rhône, inauguré en 1987, dresse ses câbles élégants à la manière d’un pont-levis juste en face du château! Aucun pilier dans le Rhône, le tablier est soutenu par les câbles de retenue directement ancrés dans la roche.

Du monde à Saint-Maurice! 

«Si on fait le compte, le chemin de fer, une route intercantonale et une cantonale, l’autoroute, le Rhône et les lignes à haute tension passent par le défilé de Saint-Maurice. Ça fait du monde! Mais ces ouvrages répondent à leur mission, ils sont d’excellentes factures dans un site très sensible. Lorsqu’on doit construire des ponts pour répondre à des besoins, il y a des façons élégantes de les insérer dans le paysage», conclut l’ancien conseiller d’Etat.  
 

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