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Ouvrages d’art en Valais: le pont du Gueuroz et son faux jumeau

«Le Nouvelliste» propose une série sur les ouvrages d’art et les cols alpins valaisans. Aujourd’hui, focus sur le pont du Gueuroz et son faux jumeau, qui traversent les gorges du Trient.

29 avr. 2020, 21:00
Les piétons et les cyclistes utilisent l'ancien pont tandis que le trafic motorisé emprunte le plus récent.

En collaboration avec le Service cantonal de la mobilité.

Durant 29 ans, il a détenu le record de hauteur en Europe et il fut aussi l’un des plus photographiés. Ce bel arc en béton dentelé signé Alexandre Sarrasin a accompagné le Valais dans son ouverture à la modernité.

Achevé en 1934, le pont du Gueuroz traverse les gorges du Trient à une hauteur de 187 mètres entre Salvan et Martigny. Cette nouvelle voie d’accès a remplacé l’ancienne route des Diligences qui reliait Vernayaz et Salvan.

Une petite révolution. Car il s’agissait à l’époque de desservir les hautes vallées qui n’avaient pas de routes. Le pont a changé les mentalités aussi. Il a rapproché les habitants de Salvan à ceux de Martigny alors que le train, qui existait déjà, les unissait davantage aux Fignolains.

D’une longueur de 168 mètres, l’ouvrage est sobre, élégant, et possède l’étoffe d’un monument historique. Composé de deux arcs parallèles de 98 mètres de portée, le pont du Gueuroz résulte d’une technique et d’un savoir-faire innovateur pour l’époque.

Le pont du Gueuroz lors de sa construction en 1933 avec un cintre en bois provisoire. Photo: Anonyme, Médiathèque Valais-Martigny

 

Dégradation

Dans les années quatre-vingt, le pont montre des signes de dégradation liés à la carbonatation du béton et la corrosion des armatures. L’Etat du Valais propose une restauration originale: construire un second ouvrage parallèle. Le bureau Gianadda et Guglielmetti de Martigny se charge d’étudier les variantes.

Construit en 1994 à côté de l’ancien ouvrage, il propose une revisite sobre et contemporaine du pont de Sarrasin, conçu de manière à ne pas cacher l’architecture du premier ouvrage qui restera encore ouvert aux piétons et aux cyclistes. Le nouveau pont, lui, accueille le trafic motorisé.

Préserver et décharger l’original

A l’époque, Joseph Jacquemoud, ingénieur du Service des ponts et chaussées suit le dossier qui aura duré 15 ans. «Les besoins avaient changé, la circulation avait fortement progressé entre 1934 et 1992, l’ancien pont était limité en charge et très étroit, plusieurs options étaient possibles…», explique-t-il.

Finalement c’est le professeur Jacques Gubler, de l’EPFL, qui mettra tout le monde d’accord à la suite d’un rapport réalisé en 1991. Il jugera notamment qu’il fallait préserver l’identité du pont original, construire un second ouvrage pour décharger le premier, créer une complémentarité par le dialogue entre le nouveau et l’ancien. Parmi la dizaine de variantes, on choisira de s’inspirer du pont sur la Dala entre Varen et Loèche-Ville réalisé en 1989.

La variante de la poutre en caissons d’acier soutenue par quatre béquilles articulées à leur base offrait la meilleure des solutions en lien avec la topographique des lieux. «La construction s’est très bien déroulée, selon le principe constructif de basculement déjà utilisé pour Varen», se souvient Joseph Jacquemoud.

Sarrasin, la maîtrise et l’audace

L’ingénieur Alexandre Sarrasin, originaire de Saint-Maurice, fut un pionnier dans le domaine des grandes structures en béton et s’est peu à peu imposé en Valais. Formé à l’EPFZ, on lui doit notamment le barrage en voûtes et contrefort des Marécottes en 1925, le premier pont en béton armé de grande portée près de Branson sur la commune de Fully ou les Petit Pontis en Anniviers. «Il était audacieux, il inventait de nouvelles techniques», conclut l’ingénieur.
 

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