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Magazine «Culture»: Olivier Lovey, réalités illusoires

Reconnu par le public et par ses pairs, le photographe martignerain Olivier Lovey dresse du Valais des portraits surprenants, voire déstabilisants.

11 oct. 2018, 17:14
Lauréat du Swiss Photo Award, Olivier Lovey fait incontestablement partie des photographes suisses qui comptent.

Il est le photographe de l’illusion bancale, du trompe-l’oeil en chantier, du mirage qui se casse la gueule. Parce qu’il maîtrise comme peu l’art de la déstabilisation, il a remporté cette année le prestigieux Swiss Photo Award pour sa série «Miroirs aux alouettes», dont il tire cette carte blanche. Une reconnaissance des pairs qui vaut pour Olivier Lovey plus que tous les autres prix. Et qui, aux côtés de ses séries sur Jacques Emery, passionné d’électricité, («Puissance Foudre») ou sur la différence sexuelle («We Are Men»), impose définitivement le Martignerain comme l’une des focales pointues du pays.

 


«La Dimension perdue», image choisie par Olivier Lovey pour sa carte blanche, dit le goût de l’artiste pour la torsion de la réalité.

 

Olivier Lovey, expliquez-nous le choix de cette image «carte blanche».

C’était important pour moi de choisir une photo de ma dernière série, exposée à la Grenette en 2018. Sur deux installations, j’avais créé des passages, par lequel le spectateur passait littéralement dans l’image, et celle-ci en est une. C’est ambigu, il y a ce jeu entre le cadre et l’image. On sent le montage, la construction, il y a un côté «making-of». L’idée de cette série était de créer des illusions, mais des illusions imparfaites. De créer le fantastique tout en livrant quelques indices de la supercherie.

J’aime déstabiliser, j’aime que ce soit surprenant. Il faut aussi que la photo capte immédiatement. Je n’ai jamais trop photographié la réalité pour elle-même, mais pour la transformer. J’aime que la photo révèle quelque chose qui est caché. J’aime que l’on y voie une autre réalité, qu’il y ait une part de surréalisme. Et puis ce qui m’intéresse aussi, c’est de questionner le médium, comment l’illusion est créée dans cette boîte noire.

D’où ça vient, ce goût pour la torsion de la réalité?

La photographie est pour moi un espace de tous les possibles. Je suis extrêmement rationnel dans ma manière de penser, mais comme une réaction à cette rationalité, je passe mon temps à écouter, lire des textes sur l’étrange. Gamin déjà, j’allais chercher à la bibliothèque de Martigny des livres sur les grands mystères. Ça ne m’a jamais quitté. Je n’y crois pas, mais ça me fascine.

Questionner le médium, c’est aussi se demander ce qu’est la photo? 

C’est un questionnement moins direct. J’interroge les limites: jusqu’où est-ce que je crois ce que je vois? A partir de quand je ne sais plus ce que je vois? Quelle différence entre le réel et son double? Dans ma dernière série, je photographie des photographies. Par ce principe de mise en abîme, en effet, la photo se donne comme sujet à elle-même. 

Vous avez également réalisé des clips vidéo pour des musiciens valaisans – Meimuna (Cyrielle Formaz) ou encore la rappeuse KT Gorique. Quel est votre rapport à la musique?

J’aime la liberté que permet ce travail avec la musique. Mais je n’y ai aucune prétention à long terme, c’est vraiment pour me changer les idées, pour bricoler des trucs et explorer l’image en mouvement.

Quel rapport entretenez-vous avec le Valais?

Tout mon travail se base en Valais. Je n’aime pas tellement voyager et je ne cherche pas l’exotisme du voyage. Je trouve pour l’instant assez de sujets autour de moi sur lesquels m’exercer sans forcément partir ailleurs. De toute façon, ma photographie se caractérise par une bonne dose de manipulations. Et avant tout ce sont elles que je mets en scène dans mes images.

 

 

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