Il nous donne rendez-vous entre 10 h 20 et 11 h 20. Quelques minutes qui détonnent des traditionnels rancards aux heures pleines et qui résument une action gouvernementale. Carrée, raide, sans place pour l’imprévu, le hasard ou l’improvisation.
Maurice Tornay a les chiffres chevillés au corps, qu’ils servent à piqueter un entretien ou à endiguer des finances cantonales. Le compas dans l’œil, la calculette greffée au cerveau. Il le dit lui-même, «un ministre des finances est rarement un poète». Et pourtant, au moment de terminer les cartons dans son bureau de la villa de Riedmatten, Maurice Tornay laisse pointer une sensibilité insoupçonnée et déborde même, d’un quart d’heure, sur son prochain rendez-vous. «Je n’ai pas pleuré, mais j’ai eu l’œil humide de penser à tous ceux que j’allais quitter. C’est un deuil de quitter cette fonction, même si je pars épanoui et plein d’énergie. Le troisième deuil...