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Matthieu Vergère, le viticulteur devenu pépiniériste

Matthieu Vergère est le nouveau patron de Multiplants, la plus grande pépinière du Valais et l’une des plus grandes de Suisse. Trente-trois ans, une énergie et un enthousiasme à revendre, il incarne une agriculture réfléchie et décomplexée.

24 mars 2019, 18:00
A 33 ans, père de trois enfants, Matthieu Vergère, dynamique et déterminé, mène de front engagement professionnel et vie de famille.

Il nous a donné rendez-vous à la rue des Charmilles 42 à Vétroz, fier de ces halles flambant neuves inaugurées en 2018. «Les locaux les plus rationnels de Suisse pour la branche», explique Matthieu Vergère en nous faisant visiter la chambre froide dûment humidifiée où l’air est pulsé dans des «chaussettes» pour ne pas agresser les barbues (les nouveaux plantons de vigne).

Matthieu Vergère est depuis bientôt trois ans le successeur de Paul-Maurice Burrin, le fondateur de Multiplants, la plus grande pépinière du Valais et l’une des plus grandes de Suisse.

Chez Multiplants, on pratique la greffe «Omega», du nom de la dernière lettre de l’alphabet grec. © Sabine Papilloud

 

«Ici, on greffe plus de 400 000 plants par année. Paul-Maurice me seconde encore. Il me fait profiter de son expérience. C’est un passage tout en harmonie», se réjouit le jeune patron au milieu du cliquetis des machines à greffer qui rythme le travail délicat de femmes choisissant avec soin le bout de sarment qui épousera le mieux le porte-greffe sélectionné à chaque cépage.

Les barbues sont plongées dans un bain de cire pour protéger le point de greffe. On les entrepose ensuite dans des caisses remplies de sciure de sapin avant d’être stockées dans une chambre froide à 3 degrés. © Sabine Papilloud


Un décideur, un audacieux

Il a juste 30 ans lorsque Paul-Maurice Burrin lui propose de reprendre son exploitation. Matthieu se sent prêt et après avoir consulté sa femme Cassandre, c’est en couple qu’ils relèvent le défi. «Je me suis dit que c’était un joli cadeau pour mes 30 ans. Quand le train arrive en gare, il faut le prendre, sinon il passe.»

C’est mon grand-père qui m’a donné le goût de la terre et de la vigne.

 

La pépinière l’a toujours intéressé. Il en avait même fait le thème de son travail de diplôme de viticulteur et d’arboriculteur obtenu à Châteauneuf. Formation complétée par un brevet fédéral en viticulture à Changins. «Mon oncle Raphaël Vergère est pépiniériste et vigneron, mais c’est surtout mon grand-père qui m’a donné le goût de la terre, de la vigne. C’est une chance, car j’ai l’énergie qu’il faut pour ce métier.» Son épouse gère une grande partie du côté administratif. «On est complémentaire, c’est idéal.»

Ce sens de l’entrepreneuriat, il l’a développé chez André Fontannaz. A la cave de la Madeleine à Vétroz, il est passé d’apprenti à employé avant d’être rapidement nommé chef de culture. «André m’a confié la responsabilité des vignes ainsi que des vergers. Quand on se retrouve si jeune à la tête de nombreux employés, on s’affirme, on s’impose. Il n’y a pas d’autre choix.» Une bonne école qui renforce son esprit d’initiative et qui l’incite à se lancer gentiment à son compte en effectuant des travaux agricoles.

Forçage en chambre chaude, plantation en pleine terre jusqu’à la pousse des racines en automne... Il faudra près d’un an et demi avant que le pépiniériste puissent les vendre. Le taux de réussite est de 50% en moyenne.  © Sabine Papilloud


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Aujourd’hui, chez Multiplants, il cumule trois activités, la pépinière, l’exploitation de 16 hectares de vignes et une entreprise agricole qui assure des travaux mécaniques en viticulture. Arrachage de parcelles, broyage de ceps, plantations au centimètre près grâce à une technologie pointue même sur des pentes de 45%, pulvérisation ciblée, gonflage des pneus adaptés au terrain pour limiter le tassement du sol, bref, les équipements de Multiplants sont du dernier cri et permettent d’assurer des travaux les plus respectueux possible de l’environnement.

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Production intégrée plutôt que bio

Pour Matthieu Vergère, le bio n’est pas la panacée. «L’utilisation du cuivre sature le sol et pénalise fortement l’écosystème. Le grand public ne le sait pas assez, mais la production intégrée (PI) est tout aussi verte que le bio.» Soucieux de marier progrès et durabilité, il la défend, cette production intégrée «qui respecte la terre en limitant au maximum les intrants mais permet en cas de gros pépins l’utilisation de produits phytosanitaires. Face à l’arrivée de nouveaux ravageurs qui risquent de détruire notre agriculture, il faut bien trouver des armes.»

Le grand public ne le sait pas assez, mais la production intégrée est tout aussi verte que le bio.

 

Etre toujours à la pointe. Ne pas rater le train qui passe. Paul-Maurice Burrin qui a participé à la sauvegarde du patrimoine viticole lui a montré le chemin. Matthieu Vergère suit la même voie.

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