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Magazine "Votre Santé": Quand la douleur est chevillée au corps

Diffuse ou localisée, parfois lancinante, souvent ravageuse et épuisante, La douleur chronique touche environ 25 à 30 % de la population, selon une importante étude européenne. Pour la contrer, on préconise aujourd’hui des approches multimodales.

17 nov. 2018, 08:01
Les douleurs chroniques ont un impact important sur la vie sociale, familiale et professionnelle.

Invisible et pourtant si tenace. La douleur chronique met à rude épreuve ceux qui en souffrent. Il n’est pas question des maux éphémères qui s’atténuent en quelques heures après la prise d’un médicament antalgique trouvé dans l’armoire à pharmacie. On parle ici de douleurs persistant plus de trois à six mois, qui ont la particularité d’être réfractaires aux traitements antalgiques habituels et qui ont un impact important sur la vie sociale, familiale et professionnelle.

La douleur chronique touche une part non négligeable de la population. En effet, selon plusieurs études épidémiologiques, sa prévalence est estimée entre 20 et 30 %. Heureusement, une grande partie des personnes concernées parvient à vivre avec. Mais pour une minorité, la douleur est peu contrôlable et a, de ce fait, des répercussions importantes sur la qualité de vie.

Les maux de dos, de tête (migraines, céphalées de tension), les douleurs articulaires (aux épaules, genoux, hanches), inflammatoires, rhumatologiques (arthrite) ou encore neuropathiques (lésions nerveuses secondaires à un diabète, une consommation excessive d’alcool ou un traumatisme) sont parmi les douleurs chroniques les plus fréquentes.

Après une opération, des douleurs postopératoires peuvent s’installer durablement et ce, en l’absence même de complications. La chirurgie du sein (mastectomie), du poumon (thoracotomie), du genou (pose de prothèse, notamment), ou l’opération d’une hernie inguinale sont particulièrement à risque.

Le cancer aussi peut entraîner des douleurs rebelles. En particulier quand «la maladie touche des organes très innervés ou lorsque la tumeur envahit les nerfs», décrit le Dr Christophe Perruchoud, spécialiste en anesthésiologie et en traitement interventionnel de la douleur à l’Hôpital de la Tour à Genève.

Les traitements anticancéreux (chimiothérapie ou radiothérapie) peuvent eux aussi provoquer des douleurs chroniques, en endommageant les nerfs. Dans d’autres situations, comme dans la fibromyalgie, ce sont les voies de transmission de la douleur qui dysfonctionnent, entraînant des douleurs diffuses dans le corps, en association avec d’autres symptômes (fatigue, troubles du sommeil, dépression).

Un phénomène complexe

La douleur chronique obéit à des mécanismes complexes qui lui sont propres. En effet, contrairement à la douleur aiguë déclenchée par exemple par une brûlure ou une chute, elle n’est pas un signal d’alarme, destiné à protéger l’organisme et à favorisersa guérison.

La douleur chronique est liée à un dérèglement des voies neurologiquesimpliquées dansla gestion de la douleur, comme l’explique le Dr Perruchoud: «Lorsque la stimulation douloureuse se prolonge, des phénomènes de sensibilisation apparaissent tant au niveau du système nerveux périphérique que central. Des situations auparavant non douloureuses peuvent le devenir, comme par exemple le simple effleurement d’un habit sur la peau. Cette sensibilisation, secondaire à des perturbations au niveau des neurotransmetteurs, permet à la douleur de persister, quand bien même le facteur irritant ou agressant, autrement dit la lésion originelle, a disparu.»

Et souvent, la douleur existe sans qu’on ait pu mettre en évidence un facteur déclenchant. Mais elle n’en est pas moins réelle, souligne le spécialiste: «Ce n’est pas parce que les techniques d’imagerie actuelles ne permettent pas d’objectiver la douleur qu’elle n’existe pas.» Si pendant longtemps la parole des patients était mise en doute, faute de preuves objectivables, heureusement, l’expression de la douleur est davantage prise en compte aujourd’hui: «Du moment que des douleurs sont ressenties, elles sont réelles», poursuit le spécialiste.

Si les mécanismes à l’origine des douleurs persistantes ne sont que partiellement élucidés, le contexte de leur survenue et les émotions (anxiété, dépression) semblent jouer un rôle primordial. «Le vécu de la douleur dépend de l’historique du patient, de son éducation et de ses ressources», assure le Dr Perruchoud. D’ailleurs, il n’y a pas une seule douleur, mais autant de sortes que d’individus. C’est pourquoi on préconise une prise en charge individualisée à l’aide d’approches multimodales. «On doit tenir compte de la globalité de la personne», insiste le spécialiste.

Parmi l’éventail des traitements à disposition, il y a les mesures conservatrices (physiothérapie, hypnose, acupuncture par exemple), les médicaments (antalgiques simples ou spécifiques, opiacés, antidépresseurs, antiépileptiques), ainsi que les techniques interventionnelles comme les infiltrations et la neuromodulation.

Le plan thérapeutique est établi après confirmation du diagnostic et en tenant compte de ce qui peut augmenter ou diminuer la douleur. Enfin,si besoin, un soutien psychologique peut compléterla prise en charge. Le but étant d’aider le patient à mieux gérer sa douleur et à minimiser son impact sur sa qualité de vie.

Cet article peut être consulté dans notre magazine «Votre Santé» en cliquant sur sa couverture ci-dessous.

 

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