Magazine «Culture»: L’image, ce pont entre la science et le public

Catégorie «L’objet d’étude» Mention: «La vie dans les archives», Leander Diener, Université de Zurich Commentaire du jury: «En regardant cette photo, on se demande: quelle histoire les historiens raconteront-ils? Quelles seront les histoires oubliées? Une photo mélancolique, poussiéreuse et pourtant pleine de vie. Les couleurs sont délavées, mais pas le contenu.»

Catégorie «L’objet d’étude» Mention: «Counting Exactitude», Jonas Schaedler, Université de Zurich Commentaire du jury: «Examiner de vieux compteurs électriques, peut-on assimiler cela à de la recherche? Au second regard, une évolution de la technologie transparaît dans cette photo. Il est question d’histoire, de culture. Chaque citoyen y est relié. Il s’agit d’un genre de bricolage de l’évolution, une conjugaison du passé et du futur.»

Catégorie «Les femmes et les hommes de la science» 1er prix: «On the roof terrace with my daughter», Michelle Engeler, Université de Bâle Commentaire du jury: «Ce cliché montre l’une des facettes de la vie des scientifiques souvent passée sous silence: la conciliation entre vie familiale et carrière académique. Michelle Engeler, postdoctorante à l’Université de Bâle, effectue des recherches sur le terrain en Afrique. Elle met ici en scène sa fille photographiée après un coup de fil relatif à son projet de recherche. La photo est un instantané poétique, positif et puissant qui prouve que la science n’est pas qu’un job. C’est le mouvement et l’ouverture. C’est aussi aller au-devant de la nouveauté.» Analyse de Pascal Hufschmid: «Je tire mon chapeau au jury, fantastique, pour la qualité de son regard. Cette image rappelle que la science ne se passe pas que dans un laboratoire. Ce sujet – la conciliation entre vie académique et vie familiale – souligne une interrogation qui n’est pas l’apanage d’un genre; ce ne sont pas seulement les femmes qui ont à se la poser. Esthétiquement, cette photo amène le spectateur à se projeter et, en offrant une relation partielle, invite à se poser des questions. Qui prend la photo? Où va cette fille? Pourquoi voit-on une fillette sur une terrasse alors qu’on est dans un concours d’images scientifiques? C’est pour moi une manière subtile et légère de parler de choses importantes.»

Catégorie «Les femmes et les hommes de la science» Mention: «Learning head load carrying in Gambia», Markus Ernst, Université des sciences appliquées de Zurich Commentaire du jury: «Cette photo a reçu une mention pour le changement de perspective. Le projet de recherche en Gambie étudie la manière dont les personnes portent de lourdes charges sur la tête et la sollicitation de la nuque lors de cette activité. Le chercheur apprend grâce à la femme, il lui adresse un regard interrogatif. Il existe un lien entre ces deux personnes désireuses d’apprendre l’une de l’autre.»

Catégorie «Les femmes et les hommes de la science» Mention: «Discussion anthropologique», Aurélie Terrier, Université de Genève Commentaire du jury: «Une photo illustrant l’échange entre une anthropologue et une archéologue lors de fouilles en Calabre. L’image montre la joie que procurent le travail d’équipe, les échanges, et illustre la solidarité entre les chercheuses. La perspective est également intéressante: en plongée vers le sol du puits. Un travail difficile en plein air.»

Catégorie «Les lieux et les outils» 1er prix: «Découverte d’une statue de marbre», Guy Ackermann, Université de Lausanne Commentaire du jury: «Cette photographie de fouilles dans la cité grecque d’Érétrie montre le moment décisif de la découverte. Les deux mains se rejoignent: la main de l’archéologue et la main d’une statue en marbre d’un général ou d’un empereur romain. Des siècles les séparent, mais les voici réunis lorsque l’archéologue dégage la main de la statue du sable.» Analyse de Pascal Hufschmid: «On pense tout de suite à Michel-Ange, à «La création d’Adam» au plafond de la chapelle Sixtine, avec les mains de Dieu et d’Adam qui se rencontrent. Ce qui m’intéresse dans cette image, c’est que les chercheurs prennent quantités d’images fortes tous les jours et ce qui est représenté ici, c’est le moment par lequel l’archéologue pensait pouvoir faire ressentir quelque chose au spectateur. Il y a ici une sorte d’inversion des jeux de pouvoir avec cette main d’un empereur ou d’un général qui apparaît comme sur le point d’être sauvé. Tout à coup, cette main prend vie et interpelle. Qui est-ce? Que se passe-t-il? Elle est très belle à regarder, délicate. Mais elle est un peu ébréchée, en situation de vulnérabilité, alors qu’elle représente le pouvoir.»

Catégorie «Les lieux et les outils» Mention: «Two different worlds», Michael Lyrenmann, ETH Zurich Commentaire du jury: «Cette photo du toit en béton ultrafin du Robotic Fabrication Lab à l’ETHZ présente un contraste puissant entre l’intérieur et l’extérieur, le jour et la nuit, le crépuscule et la lumière du laboratoire. La construction devrait en fait être à l’extérieur mais se trouve dans la halle. Une construction de 20 tonnes qui dégage pourtant une impression de légèreté. Une photo merveilleusement réalisée.»