«Quasiment rien n’est interdit, mais beaucoup est demandé.» Roberto Schmidt se montre prudent quant aux interdictions strictes. Le conseiller d’Etat le sait, certaines «mesures impopulaires» pourraient couler le projet de loi censé remplacer la législation de 2004.
Ainsi, pour atteindre les objectifs de la stratégie énergétique 2060, soit un approvisionnement en énergie 100% renouvelable et indigène, le canton fait de l’incitation une priorité, mais veut également inscrire certaines prescriptions légales «pour y arriver».
Accélérer le rythme
En Valais, les bâtiments couvrent 50% de la consommation globale d’énergie et 25% des émissions de CO2. De plus, 70% du parc immobilier a plus de 40 ans et s’avère «mal ou pas du tout isolé», affirme Roberto Schmidt. C’est quelque 68 000 bâtiments. Chaque année, environ 650 d’entre eux sont rénovés. «A ce rythme, bien qu’il soit bon à l’échelle nationale, il nous faudrait encore une centaine d’années avant d’y arriver», insiste Roberto Schmidt qui veut accélérer ce tempo.
Le Valais est également le canton qui compte le plus de chauffages électriques décentralisés. Ces derniers doivent être remplacés «lors du changement du système, mais au plus tard dans un délai de vingt ans». De plus, lors de rénovation de toiture, les propriétaires devraient, en principe, installer des panneaux photovoltaïques
La cadence doit aussi s’intensifier dans le remplacement des chaudières à mazout. Au total, le canton compte 40 000 de ces installations sur son territoire. «Il faut désormais en remplacer entre 1500 et 2000 par année. C’est dix fois plus que le rythme actuel», précise encore le ministre. Globalement et sous certains délais, les propriétaires doivent veiller à l’efficacité énergétique de leurs bâtiments.
Des dérogations sont toutefois prévues en cas de «circonstances particulières et de situations personnelles spécifiques (âge, situation financière, etc.)». «La transition énergétique doit intégrer l’aspect social du développement durable», estime Joël Fournier, chef du Service de l’énergie et des forces hydrauliques.
Le chauffage à mazout reste autorisé
Le projet de loi ne prévoit pas d’interdiction du chauffage au mazout. Théoriquement, un nouveau bâtiment peut être chauffé à l’énergie fossile pour autant qu’il présente une forte isolation thermique. Concrètement, la contrepartie énergétique devient suffisamment contraignante pour disqualifier l’ambition de se munir d’une telle installation. En clair, avec la nouvelle législation, il sera impossible ou presque d’installer un chauffage à mazout.
Dès lors, pourquoi ne pas les proscrire franchement? «C’est politique», reconnaît Roberto Schmidt. «Avec une interdiction, le Parlement pourrait rejeter la proposition. C’est, par exemple, ce qui s’est passé à Berne.» Pour rappel, le Grand Conseil valaisan a balayé une proposition en ce sens lors de la dernière session. Selon le ministre, le législatif cantonal devrait se saisir du dossier «avant la fin de l’année».