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Les médecins valaisans décrètent l'état d'urgence: ils sont trop peu

Faute de relève, la Société médicale valaisanne décrète «l’état d’urgence dans le Haut-Valais». Et demande au gouvernement de relever immédiatement la valeur du point TARMED.

06 févr. 2020, 06:00
La doctoresse Monique Lehky Hagen, ici dans son cabinet de Brigue, tire la sonnette d'alarme.

«Nous sommes en train de couler.» Présidente de la Société médicale valaisanne (SMVs), la doctoresse Monique Lehky Hagen pose un diagnostic alarmant sur la situation de la médecine de premier recours dans le Haut-Valais. «Les praticiens qui ont répondu à notre questionnaire et représentent 70% des médecins de premier recours, pédiatres et gynécologues disent travailler à flux tendu et sont à la recherche d’un collègue voulant collaborer dans leurs cabinets.»

Etat d’urgence outre-Raspille

Le sondage mené en ce début d’année par la SMVs s’écarte ainsi des résultats de l’enquête sur l’activité des médecins valaisans publiée en 2019 par l’Observatoire cantonal valaisan et qui avait conclu que l’offre serait certes insuffisante dans notre canton si rien ne changeait, mais seulement dès 2023. «De ce côté-ci de la Raspille c’est tout de suite que nous devons décréter l’état d’urgence.» Dans son cabinet de Brigue, Monique Lehky Hagen dresse la liste des problèmes. «Dans la région de Loèche-Stalden-Viège, six cabinets médicaux ont fermé sans successeur depuis 2014.»

Ailleurs, ce sont sept jeunes médecins venus pratiquer dans notre canton qui sont repartis ou encore quinze cabinets qui devront fermer ces prochains mois faute de successeurs. «Il est inadmissible de constater que depuis 2019, les cabinets de pédiatres du Haut-Valais refusent les enfants âgés de plus de 2 ans sans pathologie chronique», déplore Monique Lehky Hagen.

Il faut augmenter le point TARMED

Les raisons de cette pénurie? La SMVs avance le manque de candidats avec un profil adéquat, mais aussi l’inadéquation entre les conditions de travail (salaires, horaires, service de garde) et la réalité financière et logistique des cabinets. D’où l’appel du pied lancé par la SMVs avec l’appui de l’Association médecin de famille et de l’enfance du Valais (MfeVs) au gouvernement valaisan prié d’augmenter illico la valeur du point tarifaire ambulatoire (VPT TARMED) qui est la plus basse de toute la Suisse pour la faire passer de 84 à 89 centimes.

La SMVs demande donc au Conseil d’Etat l’élaboration urgente d’un «masterplan pour la médecine de premier recours» pour tout le canton. Car la pénurie qui frappe le Haut-Valais devrait gagner la partie francophone du canton «dans deux à trois ans». «Le Nouvelliste» a d’ailleurs évoqué l’inquiétude de la population du val d’Hérens qui ne comptera bientôt plus que 3,8 médecins pour 6800 habitants. Un chiffre bien en dessous de la moyenne suisse.

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Du côté du Département de la santé, on rappelle que depuis plus de dix ans, le canton du Valais soutient au contraire les régions en matière de relève médicale ambulatoire. Au travers de plusieurs actions concrètes, «comme la régulation médicale pour soulager le service de garde, le programme d’assistanat en cabinet ou le soutien financier à des projets pilotes».

La conseillère d’Etat Esther Waeber-Kalbermatten n’a ainsi pas la même lecture que le SMVs. «Même si certaines situations locales peuvent être critiques, de manière générale la couverture médicale est actuellement stable.» Même écart dans le débat rouvert sur la valeur du point ambulatoire. «Le Conseil d’Etat ne peut pas intervenir dans une procédure juridique en cours devant le Tribunal administratif fédéral. Notre canton se doit de respecter la législation fédérale en la matière et suivre les procédures prévues dans la LAMal.»

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