Les chercheurs de l'équipe du professeur Raphael Arlettaz ont mené depuis 2012 une vaste étude dans les Alpes pour quantifier l'impact des grands prédateurs sur la faune sauvage. La densité de lynx en Valais s'est avérée anormalement faible, communique lundi l'Université de Berne.
Les chercheurs ont méthodiquement relevé les traces dans la neige dans tout le canton du Valais. Ces observations ont été complétées par les prises de vue d'une centaine de pièges photographiques disséminés sur tout le territoire cantonal. Au total, seuls quinze individus ont pu être observés au cours des cinq hivers d'étude.
Très rares au sud du Rhône
La plupart des lynx valaisans ont été observés dans la partie nord-ouest du canton, à proximité des populations plus importantes des Préalpes vaudoise et fribourgeoise. Le lynx est en revanche très rare au sud du Rhône. La situation étonne d'autant plus les chercheurs que des décomptes des années 1980 ont recensé une densité plus importante de prédateurs.
En Valais, il y a 0,32 lynx pour 100 kilomètres carrés d'habitat favorable. Cette densité est de 1,4 à 2 lynx dans les autres régions alpines de Suisse et de 3,6 dans le Jura. En extrapolant ces valeurs, le Valais devrait abriter 35 à 53 lynx, indique le communiqué.
Soupçons de braconnage
Les chercheurs veulent comprendre l'origine de cette densité anormalement basse et poursuivront leurs études. Trois hypothèses sont évoquées. Le piégeage photographique n'est peut-être pas assez efficace, la densité de proies est plus faible en Valais, ou le braconnage a contribué à la raréfaction du lynx.
Les scientifiques restent prudents. Mais les dernières analyses semblent montrer qu'il existe en Valais un braconnage du lynx, qualifié de "rampant", depuis des décennies, précise le communiqué. Le phénomène n'a, jusqu'à présent, pas été pris très au sérieux par les gestionnaires de la faune.