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Le crucifix de la discorde à l'Hôpital du Valais

La question religieuse s'invite à l'Hôpital sous la forme d'un crucifix. Le Valais est presque le seul canton qui les suspend encore dans les établissements hospitaliers.

04 août 2017, 19:02
/ Màj. le 05 août 2017 à 05:30
Hôpital du Valais: HISTOIRE DE CROIX…

Depuis longtemps, pour ne pas dire toujours, Narcisse Praz a pris position contre la présence de l’Eglise dans le domaine public. Que ce soit au bord des routes ou à l’école. Il était d’ailleurs à l’origine, il y a deux ans, de l’initiative pour un Valais laïc.

>> A lire aussi: L'initiative pour un Valais laïc retirée

Alors lorsqu’il se fait hospitaliser il y a quelques jours à la suite d’un infarctus, le sang de l’octogénaire ne fait qu’un tour au moment de se réveiller dans sa chambre. Il est juste en face d’un crucifix, «affiché à l’endroit le plus spectaculaire de la pièce, le symbole même de l’ignorantisme le plus obtus que je ne cesse de combattre», explique-t-il dans une lettre à la direction de l’hôpital. Sa missive est accompagnée du crucifix qu’il avait décroché et emporté avec lui.

De retour chez lui, son courroux ne s’est pas calmé pour autant. Au contraire. Dans le viseur, la direction de l’Hôpital du Valais, l’Etat du Valais et l’évêché. «Aucun symbole religieux, que ce soit une croix, une étoile de David, un Coran, etc., ne devrait être toléré dans l’espace de l’Hôpital du Valais», assure l’écrivain.

Une plainte traitée comme les autres

A la direction de l’Hôpital du Valais, le directeur Eric Bonvin confirme avoir reçu la lettre de Narcisse Praz. «Nous avons un service, l’espace d’écoute, qui traite des plaintes des patients de l’Hôpital du Valais. Elle sera traitée comme toutes les autres.» Le crucifix qui l’accompagnait a retrouvé sa place dans la chambre 917.

Mais le directeur est bien conscient de l’aspect émotionnel lié aux croyances. «Nous ne voulons pas entrer dans le débat de la question religieuse. Ce n’est pas notre rôle. Nous cherchons le dialogue et pas à attiser des points de vue qui s’opposent. On doit pouvoir accueillir au mieux chaque patient.»

Ne pas faire l’amalgame avec l’école 

La cheffe du Département de la santé, Esther Waeber-Kalbermatten, confie que l’hôpital est une structure indépendante et c’est à lui de s’exprimer. «Mais si un patient ne souhaite pas de crucifix dans sa chambre, je pense que c’est possible de l’enlever.» Ce que confirme Eric Bonvin.

Pour la socialiste, il ne faudrait pas assimiler cette situation à celle qui a secoué le canton suite au retrait d’un crucifix dans les salles de classe par un enseignant haut-valaisan. «L’élève est tous les jours en classe. A l’hôpital, les patients y restent que quelques jours. Je pense qu’on peut plus facilement s’adapter.»

Certains réclament pour en avoir 

Les crucifix ne devraient pas disparaître tout de suite des établissements hospitaliers. «Lorsque nous avons retiré une partie des crucifix, puisqu’ils ne sont plus dans toutes les chambres, nous avons eu aussi des réclamations qui nous demandaient de les remettre, confie le directeur de l’Hôpital du Valais. Nous devons tenir compte de toutes les tendances, toutes les confessions. Par principe, on considère que c’est l’usage d’avoir des crucifix.»

Plus de chapelle? 

Narcisse Praz et les Libres penseurs romands vont même plus loin puisqu’ils demandent que les chapelles deviennent des lieux de recueillement neutre, sans appartenance religieuse. Ce qui sera le cas par exemple dans le futur hôpital intercantonal de Rennaz (voir encadré).

Une évolution que connaît Eric Bonvin. «On devra peut-être s’adapter avec le temps.» Et de présenter un exemple. «Il y a à peine dix ans, lorsque l’aumônier ne passait pas systématiquement dans les chambres, les patients réclamaient. Aujourd’hui, il ne vient que sur leur demande. La société évolue, à nous de suivre cela.»  

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