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Le tueur de Daillon évite la case prison

F. a été déclaré irresponsable et condamné à un traitement thérapeutique en milieu fermé. Les familles sont sous le choc.

30 août 2018, 14:08
/ Màj. le 30 août 2018 à 20:16
L'auteur de la tuerie de Daillon lors de son arrivée au tribunal.

Les regards étaient fermés, les mines défaites hier à la sortie du tribunal. «C’est terrible pour les familles», a regretté Me Guillaume Grand dont le client a perdu sa femme en cette tragique nuit du 2 février 2013. Pour Béatrice Pilloud, le verdict est «inhumain» tandis que Jean-Luc Addor a été jusqu’à dire que la justice a davantage défendu les intérêts criminels que ceux des proches. Pourquoi une telle colère? Quelques minutes auparavant, les juges du Tribunal du district d’Hérens-Conthey ont rendu leur verdict. 

«Des signes favorables mais ténus»

F. a été déclaré irresponsable. Il est donc acquitté des chefs d’accusation d’assassinat et de tentative d’assassinat et il ne purgera pas une peine mais une mesure. «Sa participation aux faits est établie mais les rapports des experts indiquent que F. souffrait d‘une décompensation psychotique aiguë qui a aboli sa capacité de discernement», a détaillé Christophe Pralong, président du tribunal. La forte intoxication à l’alcool n’a par contre pas été retenue car malgré son état, «F. est parvenu à faire preuve d’une dramatique efficacité».

Une fois l’irresponsabilité déclarée, les juges devaient encore choisir entre l’internement et le traitement. Ils ont opté pour la deuxième voie. Ils se basent sur toute une série de critères notamment le fait que les premières observations concluant à l’internement étaient trop rapides et que la détention provisoire à la prison des Iles ne représentait pas un cadre favorable. Les juges ont aussi suivi les recommandations d’un psychiatre qui estime que toutes les options n’avaient pas été utilisées.

Enfin, les premiers retours de la prison de Bellevue où F. séjourne depuis la fin d’année passée font état «de signes favorables mais ténus, d’un état compensé et d’un début d’alliance thérapeutique». «Il n’est donc pas possible de décréter F. incurable et la mesure ne semble pas dénuée d’intérêt», a annoncé le président du tribunal. Sur ce point, même si les familles étaient davantage favorables à un internement, les avocats ont accepté le verdict.

Irresponsable, il n’a pas à réparer ses actes

C’est le chapitre des prétentions civiles qui a été le plus difficile à avaler pour les proches qui avaient tous demandé des torts moraux. Les juges ont rejeté ces demandes pour des raisons d’équité. «On ne peut pas exiger de quelqu’un qu’il répare des actes pour lesquels il n’est pas responsable», a annoncé Christophe Pralong avant de renvoyer les prétentions au for civil. «Cela signifie une nouvelle procédure, trois ans de démarche et des frais à avancer», a déploré Me Pilloud.

«Je suis très déçue de ce dernier point. Je ne pense pas que mes clients vont avoir envie de repartir pour un tour», a dit Carole Seppey. Pour Guillaume Grand, «ils ont appliqué le droit de manière stricte. Je dois digérer cette nouvelle et nous verrons avec mon client la suite.» Jean-Luc Addor était le plus virulent: «Les juges n’ont pas fait usage de la marge de manœuvre possible. Ils ont privilégié le confort d’un criminel par rapport au souci légitime de réparation et de sécurité. Maintenant, on va le bourrer de médicaments et que se passera-t-il lorsqu’il sortira?»

«Je peux comprendre que cela soit choquant»

Dans le camp adverse, Audrey Wilson, avocate de F., était soulagée: «C’est un verdict juste et correct. Je vais aller voir mon client et lui expliquer même si c’est difficile car il ne comprend pas qu’on puisse lui reprocher quelque chose.» Enfin, la procureure Catherine Seppey dont le tribunal a suivi le réquisitoire était consciente que ce verdict allait susciter des commentaires: «Il correspond aux normes légales. Mon travail n’est pas de les inventer mais de les suivre. C’était la seule voie possible, il n’y avait aucune marge de manœuvre. Je peux néanmoins comprendre que ce verdict puisse paraître choquant.»

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