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«Le Nouvelliste» est en deuil, il a perdu sa mémoire

Jean-Cosme Zimmermann, chef d’édition du «Nouvelliste», est décédé subitement à un mois de sa retraite. Hommage.

02 avr. 2021, 05:30
Jean-Cosme Zimmermann était notre chef d'édition et notre ami.

Il était de ceux qu’on ne voyait pas dans le journal, alors même que c’est lui qui l’a fait trente ans durant. Il était de ceux qui n’avaient pas besoin d’avoir leur photo ou leur signature au fond d’un article pour se sentir journaliste. Il était de ceux qui nous rendaient meilleurs aux lecteurs en nous améliorant en coulisses, sans le faire savoir et le dire trop fort. Il était de ceux qui travaillent le soir pour votre journal du matin. Il était de ceux qui se souviennent de tout parce qu’ils ont tout lu et tout vu à 23 heures quand les rotatives commencent à tourner. Il était notre chef d’édition et derrière ce terme technique Jean-Cosme Zimmermann, Cosme, était avant tout notre ami, notre collègue et compagnon.

Accro aux mots

Parti si soudainement alors qu’il se préparait à prendre sa retraite dans un mois, Jean-Cosme Zimmermann aurait sûrement trouvé un jeu de mots s’il avait pu nous annoncer lui-même que le destin mettait un point final bien trop tôt dans sa biographie. Car les bonnes formules pour les bons titres et les placards percutants, c’était son truc et son plaisir. Il n’aurait même pas boudé une funeste blague le 1er avril. Ses accros, il les gribouillait sur une feuille pour les tester et les triturer, à la table de la cafèt’ lorsqu’il montait pour fumer une cigarette en fin de journée. Il en riait et nous faisait sourire.

 

Jean-Cosme en plein travail, au milieu de la rédaction du «Nouvelliste». Comme le pilier qu’il était. Héloïse Maret

 

Eloignés les uns des autres par le télétravail depuis un an, nous ne pouvons que nous souvenir, tous, du «Bonjour tout le monde» chantonnant qu’il lançait en débarquant dans la rédaction. Une main dans la poche de son éternel jean. Toujours guilleret. Toujours souriant. Toujours de bonne humeur… jusqu’à ce qu’il peste en relisant nos textes trop longs que même «un chausse-pied ne réussirait pas à faire entrer» ou des débuts d’articles incompréhensibles – «ça ne veut rien dire» – pour lui qui maîtrisait et chérissait la langue française, la culture et les grands journaux internationaux.

Trente ans de grande et petites histoires

Jean-Cosme Zimmermann a traversé quatre décennies de presse écrite. Il a connu ses hauts. Il s’inquiétait de ses bas et déplorait que le journal papier ne soit plus si précieux face à la montée des supports numériques. Jean-Cosme Zimmermann a accompagné quatre décennies, dont trois au «Nouvelliste», de journalistes et de rédacteurs en chef. Trente ans de grande histoire et de petites affaires. Des unes historiques, il en a créées, des tournants décisifs, il en a vus, des résultats mirobolants ou des scores médiocres (qui le laissaient de marbre puisqu’il n’était pas très friand de lecture sportive), il en a lus, ne prenant la plume, ces dernières années, que pour la chronique auto qui le divertissait. Car de passion, Cosme n’en avait qu’une à part le journalisme: c’était sa famille. Son épouse, ses enfants et petits-enfants, sa maman qu’il chérissait dans leur maison et leur jardin dont on entendait tant parler à la rédaction. 

«Le Nouvelliste» est en deuil car il a perdu sa mémoire. Qui désormais pour dire qu’on l’a déjà écrit, que ce n’est pas une première, que ce n’est pas le bon nom avec la bonne photo? Qui pour se rappeler les petites histoires croustillantes qui ont pimenté la vie du «Nouvelliste»? Qui pour les raconter autour d’un verre après le bouclage? 

Cosme, qui pour nous souffler comment traiter et annoncer une si triste nouvelle qui nous laisse tous sans mots? 

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