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Le monde agricole se bat contre la canicule

Elles ont besoin de soleil pour croître, mais trop, c’est trop. Quand le thermomètre s’emballe, nos cultures souffrent.

10 août 2018, 18:24
Après la canicule, les fourrages et les céréales vont manquer.

Paysans, agriculteurs, arboriculteurs et vignerons ont eu un peu plus chaud que nous!

Pour sauver leurs cultures de la canicule, ils ont redoublé d’efforts. Un engagement payant puisque grâce à une vigilance constante, la vigne et les fruits de nos vergers ont affronté les grosses chaleurs sans subir de trop gros dégâts.

Par contre, la nature a imposé sa loi aux paysans, démunis devant le manque d’eau, qui pénalise lourdement l’apport de fourrages.

Les alpages jaunissent et manquent d’herbage. Et si les foins ont été bons, les regains s’annoncent faibles et ne seront sans doute pas suffisants pour pallier le manque de nourriture des bovins en hiver.


Fourrage: acheter du foin ou abattre?

Au moment où l’herbe des alpages se fait rare et que les regains s’annoncent faibles, les éleveurs se préoccupent du manque de fourrage pour les mois à venir. Les bêtes risquent d’être ramenées en plaine plus tôt que d’habitude et les foins seront mangés avant l’hiver.

Alors, faut-il abattre le bétail, au risque de faire chuter le prix de la viande, déjà en baisse depuis que nombre de vaches laitières ont été vouées à la boucherie devant l’incertitude du prix du lait? Ou acheter des céréales à l’étranger?

«C’est une question qui nous taraude car l’Europe, qui n’a pas été épargnée par la canicule non plus, n’a pas de fourrage à vendre. Le problème est perçu mais concrètement, la solution n’est pas encore trouvée», avoue Pierre-Yves Felley, directeur de la chambre valaisanne d’agriculture.

De plus, faire venir du fourrage de très loin n’a pas sens pour une agriculture qui cherche à se positionner dans une démarche durable et écologique. «Mais si août est moins chaud, la situation peut redevenir gérable.»
 

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Abricots: une récolte concentrée

«Il n’y a pas vraiment de surabondance d’abricots», affirme Olivier Comby, président du centre de produits abricots de la Fruit-Union Suisse.

«Le problème a été la concentration de la récolte. Alors que nous avions estimé cueillir 1200 tonnes d’abricots en juin, nous en avons ramassé 1300 tonnes. Or la phase de gestion de l’importation débute le 1er juillet et nous avions 700 tonnes à vendre au moment où les fruits étrangers abondent.» Les surplus valaisans ont donc été stockés.

«Aujourd’hui, nous n’avons plus de souci d’écoulement. Alors que nous arrivons en fin de saison, notre stock se monte seulement à 240 tonnes.» Il souligne: «L’abricot est un fruit du sud qui préfère le soleil à trop de pluie. La qualité, cette année, est exceptionnelle.»

 

La récolte des abricots a été concentrée sur deux mois, ce qui a causé un surplus de travail et demandé une gestion des stocks. ©Sacha Bittel/A

 

Ce ne sont pas les producteurs d’eau-de-vie qui vont s’en plaindre. «En 2017, nous avions renoncé à fabriquer de l’Abricotine AOP par manque de Luizet», explique Julien Morand, qui relève: «Cet été sur nos terres, nous avons ramassé la moitié des années généreuses.»
 

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Mais encore: vignes, pommes, poires et baies

«L’état sanitaire de la vigne est excellent», se réjouit Pierre-André Roduit, chef de l’Office de la viticulture. Comme le soleil est apparu directement après les pluies, les maladies n’ont pas pu se développer.

« Le 6 août, la grêle a touché la région de Sion et de Savièse mais globalement, la situation est très bonne, en quantité et en qualité.»

Jusqu’ici, la suzukii s’est tenue à carreau et les vendanges prévues début septembre déjà sont prometteuses.

Les vendanges sont prévues pour début septembre. L’état sanitaire des vignes est excellent. La suzukii s’est faite discrète cette année. ©Christian Hofmann/A

 

Côtés fruits, la récolte des pommes et des poires s’annonce superbe. «Les fruits sont goûteux et sains. Idem pour les pruneaux, dont la vente bat son plein», déclare Didier Bertholet, vice-président de l’Interprofession des Fruits et Légumes.

Les baies ont plus souffert. «Si les variétés précoces ont échappé aux grosses chaleurs, le développement des fraises et des framboises a été perturbé. On perd jusqu’à 25% en volume. Seule la mûre supporte ces hautes températures», explique Benno Hubert, de Pitteloud Fruits SA, content de voir le thermomètre redescendre. «L’année n’est pas perdue. Espérons que nous aurons un bel automne.»
 

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