Ils pourraient en parler durant des heures, tant ça les exalte. La musique, Laurent Zufferey et Kathleen Gaspoz l’incarnent et l’apprivoisent depuis presque toujours. Aujourd’hui, elle les a conduits jusqu’à l’élite britannique: Brighouse & Rastrick, l’un des meilleurs brass bands du monde.
Vendredi et Samedi, ces Valaisans au profil similaire se font pourtant face au championnat d’Europe des brass bands à Ostende. Elle, performe avec la formation anglaise, tandis que lui a choisi de jouer avec le Valaisia. Attablés dans un bar belge, ils se confient au «Nouvelliste».
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Du Valais à Manchester
On l’a dit, le percussionniste sédunois et la cornettiste bacounie se ressemblent beaucoup. Tous deux ont fait leurs gammes dans les rangs d’ensembles locaux. Elle, à l’Echo des Glaciers de Vex, lui à l’Harmonie municipale de Sion. «C’est un moteur pour l’éducation musicale. J’ai encore un lien émotionnel très fort avec ma fanfare», témoigne Kathleen Gaspoz. En gravissant les échelons de leurs disciplines, ils atteignent tous deux la case Valaisia. Kathleen fait partie de ses membres fondateurs, en 2008, et Laurent l’intègre un an plus tard.
Puis, un jour, après deux bachelors n’ayant rien à voir avec la musique, ils sont sélectionnés sur vidéos et se retrouvent de l’autre côté de la Manche, au renommé Royal Northern College of Music de Manchester, pour y faire un master en performance.
Un chef d’exception
Arrivés en Angleterre - Kathleen en automne 2015, Laurent un an après – ils atteignent vite le sommet. Elle est engagée d’abord au Black Dyke Band, un brass band d’exception, puis le quitte en avril 2017 pour rejoindre Brighouse & Rastrick comme cornet principal. «Ce poste est la meilleure décision que j’ai prise de ma carrière», se réjouit Kathleen. Laurent, lui, joue dans le pétillant ensemble anglais depuis son arrivée outre-Manche.
Dans les rangs de Brighouse & Rastrick, ils œuvrent sous la baguette du «génie» David King, une référence mondiale. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cet homme ne les laisse pas indifférents. Laurent explique: «Il fait tout ce qui est en son pouvoir pour que ce soit bien. Il se livre à une sorte de jeu psychologique pour te pousser et faire de toi un meilleur musicien.». Selon Kathleen, «il a une approche de la musique super logique. Tout a un fondement.» Elle ajoute: «Grâce à lui, j’estime jouer dix classes plus hautes qu’avant».
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Différences culturelles
Les deux musiciens ont également pu observer, à travers leur expérience à Brighouse & Rastrick, une culture du brass band bien différente que celle dans laquelle ils étaient plongés en Suisse. Parmi les nombreux points évoqués, Kathleen et Laurent en ont particulièrement mentionné un. «En Suisse, nous travaillons tous les détails, nous somme très forts techniquement. Du reste, ils ont une culture du son beaucoup plus riche en Angleterre», expose Laurent. De plus, les Valaisans pointent une plus grande part de professionnels dans les grands brass bands anglais, alors que, chez nous, les musiciens sont amateurs. Enfin, ils mettent le doigt sur un écart historique majeur: «Les brass sont apparus il y a environ 170 ans outre-Manche, alors que chez nous, ils n’ont que cinquante ans».
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Pas si rivaux
Depuis vendredi à Ostende, Kathleen et Laurent concourent officiellement l’un contre l’autre, même si cette rivalité semble n’apparaître que sur le papier. Encore installé en Angleterre pour quelques mois, Laurent a néanmoins choisi de porter les couleurs du Valaisia pour la compétition: «C’est à Valaisia que j’ai commencé le niveau d’excellence, c’est un choix du cœur. J’étais aussi en Suisse ces dernières semaines, la décision était donc aussi pragmatique».
Ce qui est certain, c’est que ces deux gosses du Valais, du Valaisia et de la musique font briller de plus belle la crème du brass band présente à Ostende. Deux talents confirmés à suivre de très près.