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La vérité est dans le grain de raisin

Une recherche très récente parue dans la prestigieuse revue scientifique «Nature Plants» a fourni des découvertes fracassantes au sujet des vieux cépages de France et de Suisse! Des découvertes qui ébranlent les doutes de l’ampélologue José Vouillamoz sur l’origine romaine des cépages du Valais

28 oct. 2019, 19:00
L'ampélologue José Vouillamoz.

José Vouillamoz, vous avez souvent émis des doutes sur l’origine romaine des cépages traditionnels du Valais. De nouvelles découvertes les ont ébranlés semble-t-il?

J’ai toujours affirmé qu’il n’y a aucune identité botanique possible entre les vagues descriptions des auteurs latins et les cépages modernes. L’Amigne serait la Vitis aminea, qui correspondait en fait à de nombreux cépages différents, l’Arvine serait le Vinum helvinum, un raisin jaunâtre indéterminé, la Rèze serait l’Uva raetica, dont il existait deux sortes bien distinctes, et l’Humagne serait le Vinum humanum, qui n’a jamais été mentionné chez aucun auteur de l’époque romaine. En bon scientifique, quand on ne sait pas, on dit qu’on ne sait pas et on cherche! Et voilà qu’une recherche très récente parue dans la prestigieuse revue scientifique «Nature Plants» a fourni des découvertes fracassantes au sujet des vieux cépages de France et de Suisse! Ces découvertes ébranlent mes doutes, émis depuis longtemps en ma qualité d’ampélologue suisse, sur l’origine romaine des cépages du Valais. Et quand la science va à l’encontre de nos convictions, il faut changer d’avis!
 

Qu’est-ce qui vous frappe le plus dans les révélations de vos collègues français?

Dans un site du Moyen Age situé à Orléans et datant d’environ 1100, l’ADN d’un des pépins analysés correspondait parfaitement à celui du Savagnin Blanc, appelé Heida ou Païen en Valais. Avec cette étude, c’est la première fois de l’histoire que l’on peut prouver qu’un vieux cépage a été cultivé sans discontinuité depuis au moins 900 ans! Mais ce qui m’a le plus étonné, c’est que trois pépins du site de Montferrier à Tourbes (Hérault) datant du premier siècle se sont avérés être très proches génétiquement de l’Arvine et de l’Amigne, et qu’un pépin datant du premier au troisième siècle trouvé sur le site de Roumeges à Poussan (Hérault) a été identifié comme un parent direct (père ou fils) de l’Humagne Blanc! Ce sont des découvertes fondamentales pour les cépages du Valais! Elles confirment l’importance historique de nos cépages indigènes que nous devons conserver, cultiver et boire!

 

Vous proposez de nouvelles recherches paléogénomiques sur les pépins de raisins retrouvés sur des sites archéologiques en Suisse, notamment à Gamsen/Waldmatte, près de Brigue. Tout d’abord, qu’est-ce que la paologénomique? Et ensuite, qu’espérez-vous y trouver?

La paléogénomique consiste à analyser l’ADN des restes végétaux trouvés dans les sites archéologiques. En 2004, j’avais déjà proposé un projet d’analyse des restes archéologiques de vigne (pépins, rafles, sarments) retrouvés sur le site de Gamsen datant de l’âge du fer (entre 800 av. J.-C. et 500 av. J.-C.), projet qui n’avait pas abouti. Aujourd’hui, les méthodes de séquençage d’ADN sont plus puissantes et moins onéreuses qu’à l’époque. L’analyse de l’ADN des pépins de raisins retrouvés dans les sites archéologiques en Suisse (notamment à Gamsen/Waldmatte, près de Brigue) pourrait un jour apporter un éclairage nouveau sur l’introduction de cépages en Valais. Et j’espère bien en être partie prenante!
 

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