Elle s’annonce comme l’un des enjeux de la Constitution. La cohésion cantonale, et avec elle la place accordée au Haut-Valais, n’a cessé d’être évoquée mardi à l’occasion de l'entrée en matière de la première lecture. En fin d’après-midi, une quinzaine de Constituants avaient d’ailleurs convié la presse pour annoncer la création d’un groupe de réflexion baptisé «Pour un Valais uni et solidaire».

A l’origine de la démarche, des craintes écloses en commission ou dans les médias en marge des précédents débats. «Quand on entendait qu’il était du devoir de la Constituante de discuter de la possibilité de créer deux demi-cantons, on a pris peur», se souvient Philippe Bender, membre VLR du groupe de réflexion. «Au sein de ce rassemblement, nous sommes toutes et tous convaincus que nous devrions d’avantage nous concentrer sur ce qui nous rassemble, et non ce qui nous divise», poursuit la co-présidente du groupe PDCVr Kamy May. En résumé, la formation se dit amoureuse du canton dans toute sa diversité et surtout son unité: ville et montagne, jeunes et aînés, hommes et femmes, Suisse et résidents, et enfin, voire surtout, Haut et Bas.

Une démarche 100% conservatrice

Sur le papier pourtant, peu de pluralité politique. Les quinze constituants sont tous issus des partis bourgeois. Un faux pas lorsqu’il est justement question de cohésion? «Nous avons voulu commencer petit, justifie Kamy May. Ce groupe s’est formé au grès des discussions et n’a, pour l’heure, fait qu’un premier travail de réflexion.»

Au terme de cette analyse, un rapport formulant des recommandations pour appuyer l’unité cantonale dans la future Constitution. Et, ce n’est pas un hasard, toutes ces formules favorisent la place et la considération du Haut Valais dans notre canton. Le groupe propose par exemple l’obligation de la représentation d’un Haut-Valaisan au Conseil des Etats ou la possibilité de maintenir à trois le nombre minimal de conseillers communaux comme c’est aujourd’hui le cas dans quatre communes du Haut, et ce, malgré la proposition du plénum de passer ce nombre minimum à cinq. Interrogés au sujet d’un potentiel favoritisme envers le Haut, les membres du groupement nuancent. «Ce n’est pas le Haut Valais qui est au cœur de notre démarche mais la potentielle fracture entre nos deux régions linguistiques», avance Kamy May.

«Rien n’est gravé dans le marbre, reprend Matteo Abächerli, nous ne sommes qu’au début du travail.» Si les auteurs du rapport n’ont pas la volonté de se substituer aux commissions et au plénum, il estime qu’un article sur l’unité cantonale ne suffit pas à fédérer le Valais et qu’un débat ouvert est aujourd’hui nécessaire.

La gauche se dit surprise par la forme

A gauche, des Constituants ont appris l’existence de ce groupement il y a quelques jours à peine. Aucun membre du parti socialiste, des Verts, d’Appel Citoyen ou de Zukunft Wallis n’a donc pris part à la réflexion. Un procédé jugé «particulier» par la cheffe de groupe des Verts Laurence Vuagniaux. «Nous avons interprété cela comme la volonté des conservateurs d’avoir de la visibilité et de mettre leur parti en avant.» Sur le fond, cette dernière n’y voit pas d’opposition mais juge que l’attention portée au sujet de la cohésion cantonale «donne une grande place au Haut Valais au sein de la Constitution alors qu’il y a d’autres enjeux bien plus importants.»

Dans la Simplonhalle de Brigue mardi, d’autres élus n’étaient quant à eux pas au courant de l’initiative des partis conservateurs. Lorsque l’on demande au comité le message qu’ils ont à faire passer à celles et ceux qui l’apprendront par voie de presse, celui-ci répond qu’«ils sont les bienvenus à nous rejoindre.» A bon entendeur.

La Constituante fait sa rentrée

Mardi à Brigue, l’heure était à la première lecture de l’avant-projet de la nouvelle Constitution. Au programme, les entrées en matière sur le préambule, les droits fondamentaux et les structures territoriales du canton.
Le préambule
Peu de changements ont été apportés aux discussions de principe. La proposition de la commission de conserver l’invocation «Au nom de Dieu Tout-puissant!» n’a pas cessé de faire parler dans les couloirsde la Constituante. Pour l’UDC Jean-Dominique Cipolla, «le peuple valaisan n’attend pas de nous que nous soyons révolutionnaires.» De son côté, le socialiste Pierre Schertenleib a lâché un «il ne faut pas confondre ce qui est historique de ce qui est d’un autre âge.»
Les droits fondamentaux
Le premier débat en septembre 2020 avait fait polémique. La droite de la constituante ne s’était pas retrouvée dans les 90 droits fondamentaux retenus par la commission thématique interpartis. Le plénum s’était alors prononcé sur une contreproposition VLR beaucoup plus synthétique. C’est à partir de ce texte que la commission s’est remise au travail en proposant une copie beaucoup plus svelte, avec moins d'articles et davantage de renvois à la Constitution fédérale. «Vous avez fait preuve d’une admirable recherche d’équilibre», a commenté le chef de groupe d’Appel Citoyen Jean-François Lovey.
Communes et organisation territoriale
Enfin, concernant l’organisation territoriale, ce sont les notions de fusion, de conseil général et le nombre minimal et maximal de conseillers communaux qui ont animé les discussions. La possibilité pour l’Etat de contraindre à la fusion, qui existe dans la législation actuelle, ne séduit pas l’assemblée. «L’Etat devrait se contenter d’une accompagnement pour les communes qui le souhaitent» préfère Jean-François Lovey. Quant à l’obligation pour les communes d’une certaine taille de se munir d’un conseil général et le nombre de conseillers communaux qui pourrait passer de minimum 3 à maximum 11 aujourd’hui à 5 à 9 à l’avenir, ces mesures ont été dénoncées comme «arrogante et ignorante» du Haut-Valais, notamment par l’UDC du haut Romano Amacker.
Finalement, aucune entrée en matière n’a été combattue. Les détails seront discutés lors de la prochaine session, le 5 octobre prochain à Sion.

La cohésion cantonale au cœur des enjeux de la Constitution

Une quinzaine de constituants a annoncé la création d’un groupe de réflexion sur la cohésion cantonale. En toile de fond, la considération du Haut-Valais dans la future Constitution.