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Hôpital de Martigny: les soins palliatifs ne riment pas avec fin

Dans l'unité valaisanne des soins palliatifs, l'humain prend toute la place. Reportage au coeur d'une structure où domine la douceur de vivre.

26 août 2011, 00:00
Médecins et infirmières sont à l'écoute du malade.

"Nous avons eu deux décès pendant le week-end. Sur les quatre personnes qui étaient hospitalisées chez nous, cela fait beaucoup." Ce matin-là, dans la salle des infirmiers et médecins de l'Unité des soins palliatifs de Martigny, l'ambiance est partagée entre la joie de retrouver les patients encore présents et la peine d'en avoir perdu d'autres. "J'avoue que je ne m'attendais pas du tout à ces deux décès quand je suis partie en congé vendredi. Je me réjouissais de voir leur sourire après le week-end. C'est un peu dur", souligne Fatoumata Diawara Villafranca, l'un des médecins de l'unité. Un moment pas toujours facile à gérer. "Nous avons de la chance d'être une équipe soudée. Nous parlons beaucoup entre nous."

Comme chaque matin, l'équipe se prépare à la visite des malades. Les infirmiers et médecins échangent leurs informations. Ce jour-là, deux hommes sont hospitalisés dans l'unité, l'un de 60 ans et l'autre de 65 ans. L'équipe médicale évoque alors l'état de santé du patient de 60 ans. "Il a très mal, mais refuse de le dire. Comme je l'ai vu grimacer, il m'a avoué ses douleurs", raconte Gabriella Di Munno, médecin assistante. "Et sa famille? Est-elle venue le voir?", s'inquiète la Dresse Diawara. "Oui, sa fille est venue. Ça lui a fait plaisir. Il semble plus apaisé." En aparté, les infirmières soulignent que les rencontres avec les proches sont favorisées au sein de l'unité. "Si les patients le veulent, bien sûr. Cela fait partie du soin autant que le traitement de la douleur", souligne la doctoresse May Monney.

L'échange dure plusieurs minutes avant l'entrée dans la chambre qui se fait sans précipitation. "Nous nous adaptons au rythme des malades. Ici, on prend du temps", explique Frédéric Biselx, infirmier. Une phrase affichée sur la porte d'une des chambres porte les mots "Etre ici et maintenant, c'est donner le meilleur de soi-même". Comme pour faire écho aux propos du soignant. Partout dans l'unité, les mots d'espoir habitent les murs. Le poids des mots pour compenser les maux.

Place à la première visite de la matinée. Quatre personnes de l'équipe soignante entourent le malade qui a réussi à s'asseoir sur une chaise. Médecins et infirmières s'asseyent aussi avant d'amorcer la discussion.

Moments de complicité où les non-dits prennent de la place. "Où en sont vos douleurs?" demande la doctoresse Diawara. "Elles sont sous contrôle. Je suis l'apprenti malade ici. C'est vous qui savez comment faire, moi j'apprends", lance le patient en ajoutant que l'unité de Martigny est "un véritable jardin d'Eden. Vous pouvez l'écrire dans le journal! C'est un lieu merveilleux ici. Ça nous met en confiance. Je ne sais pas ce qu'il y aura après, mais ça, c'est le mystère de la vie."

Pas un mouroir

L'évocation de la mort est brève. Le patient en parle sans en avoir l'air. "S'ils ont des angoisses, ils nous le confient plutôt en tête-à-tête. Cette confiance qu'ils nous accordent est un vrai cadeau", notera plus tard la doctoresse May Monney. L'équipe refuse cependant de focaliser sur la mort. "Nous nous battons contre l'image que les gens ont souvent des soins palliatifs. Pour certains, c'est un mouroir. Nous l'avons même entendu d'un patient l'autre jour. Mais c'est totalement faux! Pour nous ici, c'est un lieu de vie. C'est un accompagnement dans la vie", ajoute la Dresse Monney. Les soins palliatifs ne riment pas avec fin, insistent tous les membres de l'équipe. "La preuve: nous avons des patients qui passent un moment ici et rentrent chez eux après avoir retrouvé une certaine autonomie."

Infirmiers et médecins ont conscience de vivre des instants privilégiés et authentiques. "Avant d'arriver ici, la personne reçoit des traitements pour des parties de son corps. Ici, elle est considérée dans sa globalité, comme une personne à part entière. Elle s'unifie", souligne Catherine Rosset, infirmière.

La deuxième visite de la matinée se passe aussi dans la douceur. Le patient est épuisé; il peine à manger et semble lutter pour maintenir une conversation. Les soignants prennent le temps. "Au niveau des douleurs? C'est le troisième jour que je suis à zéro. Je tiens compte des bons jours", souligne le patient. "Là, je mange mon menu préféré, ou plutôt celui qui me protège: des biscottes et du thé", ajoute-t-il.

Le respect au centre

Quand les infirmières et les doctoresses sentent le patient fatigué par la visite, elles quittent les lieux. Le respect du malade est placé au centre. "On reste toujours à l'écoute. Si la personne veut une oreille, nous sommes là; si elle veut rester seule, on la laisse", raconte la doctoresse Monney. Au fil des jours, des liens se créent entre les patients et le personnel soignant. "Je pense à eux pendant mes loisirs. Ils m'accompagnent", note Gabriella Di Munno.

"Soigner, c'est mettre de la douceur et de la tendresse dans la souffrance", peut-on lire sur la paroi de l'Unité des soins palliatifs. Des mots qui collent parfaitement à l'impression laissée après la visite.

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