Sur le site internet de la cave la Colombe, on apprend tout sur le domaine: les hectares travaillés, le nombre de cépages, les méthodes d’élevage. Mais pas grand-chose sur le patron. Grégoire Dessimoz se fait désirer.
Il a attendu trente ans avant de se lancer dans la vitiviniculture. Le temps d’obtenir une matu socio-économique, de passer un an dans le New Jersey, de bosser dans l’économie à Zurich, de commencer un bachelor en sociologie avant d’opter pour le journalisme via un stage au «Nouvelliste» puis un master en sociologie de la communication à l’Université de Fribourg. A 30 ans, assistant de communication pour l’association romande des Magasins du Monde à Lausanne, le Valais lui manque. «De 20 à 30 ans, je ne rêvais que de grandes villes et d’ailleurs. Après, j’ai ressenti un appel de la nature. J’ai pris conscience des paysages magnifiques qu’il y a ici.»
L’ivresse du grand air
Au même moment, son père arrive à l’âge de la retraite. Grégoire décide alors d’entreprendre une formation de caviste et de viticulteur. «Je n’aimais pas spécialement la vigne, je rêvais surtout de nature.» Pourtant, une fois le sécateur en main, son nouveau métier se transforme en passion. «En obsession même. Je me levais en pleine nuit pour prendre des notes sur les changements à apporter.»
Le grand air l’enivre tant qu’un moment, il pense même à ne faire que ça. A travailler la vigne et à laisser à d’autres la vinification. Un doute vite balayé. Le déclic, il l’a eu en dégustant de grands vins. «J’ai découvert des choses exceptionnelles. Pas nécessairement des crus classés mais des vins qui ont une histoire, qui racontent un terroir.» Un peu comme les siens. «Je cherche des vins de personnalité, avec une certaine dimension, tout en gardant un bel équilibre entre la pureté et l’opulence.» Ses références, il les trouve plutôt en France qu’en Espagne, en Italie ou dans le Nouveau-Monde. La reconnaissance arrive. Son travail séduit les jurés des différents concours ou magazines spécialisés internationaux.
Vers des vins bios et vivants, mais pas natures
Le domaine de 4 hectares s’étend sur les coteaux de Conthey jusqu’à 800 mètres d’altitude. Il peut compter sur sa compagne, Claire-Lise Duc, viticultrice elle aussi, pour le seconder. «Sans elle, je n’aurais jamais pu réussir ce que j’ai fait.» Pour garantir des vins racés et vivants, le jeune couple n’utilise pas de produits de traitement de synthèse. «Un hectare est 100% bio. Les trois autres sont traités bio, mais on recourt toujours de manière ponctuelle aux herbicides. Toutes nos vignes sont en pente ou en terrasses, ce qui induit un travail plus complexe et plus important. Malgré tout, le but est d’arriver vers des techniques 100% naturelles.»
Bios et vivants, bien sûr, mais ne parlez pas pour autant de vin nature. «Un vin nature, c’est une contradiction. Le raisin a besoin de la main de l’homme pour se transformer en vin, qui est avant tout un produit culturel.» Une intervention humaine mesurée et maîtrisée.
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Dans la cave située en sous-sol d’un immeuble sur l’avenue de la Gare de Conthey, les cuves côtoient les barriques, tandis qu’un espace est réservé aux futures amphores. «Je jongle entre des barriques neuves et de deuxième ou troisième passage pour laisser le vin s’épanouir et lui apporter de la complexité sans dénaturer le cépage.» Aux côtés des monocépages traditionnels du Valais (fendant, johannisberg, petite arvine, pinot noir ou encore humagne rouge), quelques assemblages de belle facture.
Si Grégoire Dessimoz est discret, ses vins sont explosifs. Pas bodybuildés, pas «too much», mais causants. Mariant fraîcheur et complexité, ils racontent de belles histoires.
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