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En montagne, le froid et le vent ne pardonnent pas toujours

Mauvaise météo, blessures, contretemps. Autant d'éléments qui, en montagne, peuvent rapidement nous mettre en difficulté.

23 janv. 2019, 20:00
Pour éviter de se retrouver pris au piège en montagne, mieux vaut préparer sa course dans le détail.

Le drame du Pigne d’Arolla survenu en avril 2018 nous rappelle qu’en montagne, les événements peuvent rapidement tourner au drame. Cette nuit-là, deux groupes d’alpinistes ont vécu l’enfer sur la Haute Route. Sept personnes ont perdu la vie. Elles ont été retrouvées en état d’hypothermie. Les sept autres ont réussi à s’abriter quelques mètres plus loin. Grâce à cela, elles ont eu la vie sauve.

Si un événement d’une telle ampleur est plutôt rare, il est pourtant assez fréquent que des alpinistes ou des randonneurs restent coincés en montagne toute une nuit. «Nous rencontrons ce type de situation avec des problèmes d’hypothermie plusieurs fois par année en toutes saisons», explique Stéphane Oggier, médecin-sauveteur chez Air-Glaciers, membre du Grimm – le groupement d’intervention médicale en montagne, et également guide de montagne.

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«Dans ces situations, l’angoisse prédomine. Pour les personnes coincées, c’est souvent la panique. Elles ont peur de mourir. Pour nous aussi, c’est l’angoisse… Nous ne savons jamais dans quel état nous allons les retrouver…» continue le Dr Oggier qui précise que notre corps nous permet de résister au froid pendant plusieurs heures.

Il faut savoir que les secours et l’hélicoptère ne peuvent pas toujours intervenir. Parfois la météo ou la nuit empêche le sauvetage immédiat. A ce moment-là, les personnes coincées doivent analyser la situation. Soit, elles peuvent rejoindre la cabane ou le village le plus proche. Soit, il est impossible de bouger et là, il faut trouver un abri sur place au plus vite. Mieux vaut s’arrêter un peu trop tôt, pour avoir le temps de préparer son bivouac improvisé.

Préparer son excursion

Pour tenter d’éviter de se retrouver dans une situation de ce type, il est important de préparer sa course dans les moindres détails et de prévoir un éventuel retard de quelques heures. Il faut bien étudier son itinéraire et s’informer sur les possibilités en cas de pépin (itinéraire alternatif dans la région, présence d’une cabane dans les environs, etc.).

Il est également important de regarder le bulletin météo et le bulletin d’avalanche. En hiver, il faut prendre au minimum une pelle, un détecteur de victime d’avalanche (DVA) avec une sonde, un GPS, une couverture de survie et du scotch pour la fixer. «On peut le coller autour de ses bâtons pour ne pas s’encombrer)», conseille le Dr Oggier.

Il est important d’avoir des habits chauds, un bonnet, éventuellement une lampe frontale et quelques aliments dans son sac ainsi qu’une petite pharmacie. Mieux vaut emporter un téléphone portable chargé avec une batterie qui supporte le froid et une batterie de réserve pour avoir une certaine autonomie. En parlant de téléphone, sachez qu’il existe une application (Echo112) permettant d’alerter les secours en leur transmettant directement votre géolocalisation.

Trouver un abri

Parfois toutes ces précautions ne suffisent pas… Le mauvais temps arrive plut tôt que prévu. Un ou plusieurs événements surviennent et empêchent les randonneurs de rentrer en toute sécurité. C’est souvent à ce moment-là que les secours sont contactés via le 144.

«Nous allons récolter des informations et donner les conseils de sécurité. Si nous ne pouvons pas intervenir rapidement, nous les invitons à trouver un abri par tous les moyens pour se protéger du vent. C’est une priorité puisque le vent est un facteur de refroidissement important», rappelle Stéphane Oggier. En plein hiver, on peut trouver un abri naturel ou alors creuser un trou avec la pelle.

Je préfère être en t-shirt avec une pelle que d’avoir un matériel habituel et rester au vent toute la nuit.
Dr Stéphane Oggier, médecin-sauveteur chez Air-Glaciers, membre du Grimm – le groupement d’intervention médicale en montagne, et également guide de montagne

«C’est un outil indispensable! Je préfère être en t-shirt avec une pelle que d’avoir un matériel habituel et rester au vent toute la nuit», note le Dr Oggier. Une fois l’abri trouvé, il faut mettre les habits que l’on a emportés avec soi. «Mettez votre bonnet et votre capuchon. Fermez-le autant que possible. Nous perdons une grande partie de notre chaleur par la tête. Si vous êtes exposés au vent, gardez votre masque sur vos yeux pour éviter que la cornée ne gèle et ne vous rende momentanément aveugle», poursuit-il.

Dans un groupe, il faut se réunir les uns contre les autres et se recroqueviller pour garder la chaleur au maximum. Vous pouvez vous asseoir sur votre corde, vider votre sac à dos et y glisser vos jambes. Manger permet aussi de produire de la chaleur. «La couverture de survie fermée avec du scotch pourra limiter la perte de chaleur», continue-t-il.

Il faut également desserrer tout ce qui pourrait comprimer la circulation du sang: les chaussures, le baudrier. «Je ne conseille pas de marcher et d’utiliser ainsi toute son énergie. Ça va quand on sait que les secours arrivent, mais dans le cas contraire, mieux vaut rester tranquille dans l’abri», note-t-il. Enfin, il faut essayer autant que possible de rester optimiste et se serrer les coudes en attendant l’arrivée des secours.
 

Comment réagir si nos pieds ou nos mains souffrent du froid?
Le froid s’installe progressivement. Nous ne souffrons pas forcément. Petit à petit, les doigts deviennent froids, puis insensibles et enfin, ils gèlent. Dans ces situations, comment faut-il réagir? «On peut commencer par regrouper ses doigts à l’intérieur du gant, puis glisser ses mains dans les poches. Si c’est possible, on peut changer de paire de gants s’ils sont mouillés», conseille le Dr Stéphane Oggier.

«Concernant les pieds, il ne faut surtout pas enlever ses chaussures, mais juste les desserrer. Il sera très difficile de les remettre si les pieds gonflent. Je recommande de regagner le village ou la cabane la plus proche et de se réchauffer à ce moment-là. Il faut y aller progressivement. On peut mettre de l’eau chaude dans une casserole et y plonger ses pieds ou ses mains. On augmente petit à petit la température de l’eau pour éviter que ça ne fasse mal. La personne peut s’emmitoufler dans une couverture et prendre une boisson chaude et manger», continue-t-il précisant qu’il faut éviter l’alcool.
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