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Coronavirus: femmes de ménage et nounous, ces oubliées de la manne étatique

Employées dans le domaine domestique, les femmes de ménage et les nounous sont exclues des indemnités de réduction d’horaire de travail, les fameuses RHT. Elles plongent un peu plus dans la crise. L’institution valaisanne Top Relais a décidé de défendre leur cause en faisant recours contre cette décision.

06 mai 2020, 08:00
Les femmes de ménage, les nounous et les autres professions domestiques, déjà précaires, sont durement touchées par la crise du coronavirus (illustration).

«Un domaine d’activité est resté sur le bord de la route: celui des emplois dans l’économie domestique.» Président de Top Relais – institution valaisanne à but non lucratif créée pour servir de lien entre les employeurs, les nounous, les femmes de ménage et autres auxiliaires de vie – Simon Darioli tire la sonnette d’alarme. «Cette catégorie de travailleurs déjà précarisée avant la crise ne bénéficie pour l’instant d’aucune aide étatique, sauf pour certaines situations particulières relevant des mesures AVS/AI.»

Début avril, Top Relais, qui gère plus de 2200 contrats, avait pourtant reçu près de 40 000 francs à titre d’indemnités RHT pour une partie des heures de mars déclarées. Problème: le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) est revenu sur sa position en précisant que les employés de l’économie domestique n’ont pas droit aux RHT.

Incitation au travail au noir? 

Et cette volte-face affecte plus de 800 des 2100 contrats gérés par Top Relais, pour une masse salariale totale de 9 millions. En Suisse romande, ce secteur comptabilise 28 000 contrats, pour près de 140 millions de francs de salaires. Un secteur important de notre économie.

N’est-il pas plus judicieux de verser quelques mois de RHT avec une reprise partielle de l’activité plutôt que d’avoir des personnes qui s’inscriront au chômage?
Simon Darioli, président de Top Relais

Le président de Top Relais craint de voir la non-prise en compte de ces emplois déclarés inciter nombre d’employeurs et d’employés à choisir le travail au noir. En deux semaines, 63 contrats avec Top Relais ont ainsi déjà été dénoncés et plusieurs employeurs ont décidé de passer d’un contrat fixe à un contrat sur appel. «Au-delà des considérations juridiques, n’est-il pas plus judicieux de verser quelques mois de RHT avec une reprise partielle de l’activité plutôt que d’avoir des personnes qui s’inscriront au chômage ou à l’aide sociale après la perte de leur emploi?» s’interroge Simon Darioli.

Le recours de la dernière chance

Top Relais a demandé au Conseil d’Etat il y a dix jours de reconsidérer cette situation et attend toujours une réponse. «Tout a été mis en œuvre pour répondre dans les meilleurs délais. Mais au vu du nombre de dossiers à traiter dans la situation de crise actuelle, une réponse n’a pas pu être donnée avant ce jour», se défend Peter Kalbermatten, chef du Service de l’industrie, du commerce et du travail (SICT).

Le canton est tenu d’appliquer les directives fédérales.
Peter Kalbermatten, chef du Service de l’industrie, du commerce et du travail (SICT)

Ce 5 mai, Top relais a relancé le SICT en formulant un recours contre cette décision avec un objectif: trouver rapidement une solution «que ce soit par les RHT, les APG ou un fonds fédéral ou cantonal». Ce qui n’est pas gagné d’avance. Peter Kalbermatten rappelle que le canton «est tenu d’appliquer les directives fédérales et, cas échéant, de reconsidérer d’éventuelles décisions qui seraient contraires aux directives.»

Les craintes de Lina
La crise du coronavirus plonge Lina dans l’incertitude. «L’institut pour lequel j’ai l’habitude de faire le ménage a fermé pour au moins deux mois», confie cette dame portugaise qui a également vu des clients privés renoncer à ses services. «Certains étaient à risque. Un autre a renoncé pour des raisons financières.» Après avoir travaillé dans des stations valaisannes, la quinquagénaire installée dans le Valais central voit son quotidien se précariser et craint que les problèmes révélés par Top Relais n’ajoutent encore à ses difficultés à joindre les deux bouts. «Je ne peux plus travailler que six heures par semaine et n’ai pas vraiment d’autre espoir de rentrées. Heureusement que mes neveux m’aident en payant le loyer de mon petit logement, sans quoi je ne sais pas vraiment comme je pourrais survivre…»

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