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Coronavirus: face à «l’hypocrisie actuelle», des élus valaisans demandent la fermeture provisoire des chantiers

Mathias Reynard (PS), Jean-Luc Addor (UDC), Sidney Kamerzin (PDC), Christophe Clivaz (les Verts) et Stéphane Ganzer (PLR) ont interpellé le gouvernement valaisan. Ils demandent une fermeture de principe des chantiers. Une interpellation publique rare.

27 mars 2020, 17:09
Mathias Reynard (PS), Jean-Luc Addor (UDC), Sidney Kamerzin (PDC), Christophe Clivaz (les Verts) et Stéphane Ganzer (PLR) ont fait front commun pour demander la fermeture provisoire des chantiers.

La missive tient sur une page et demie. Et le message est clair. «Les chantiers, pour tous les travaux qui posent problème, doivent être arrêtés pour une durée à déterminer.» Paraphée par quatre élus fédéraux et un président de commune, cette lettre relance, encore une fois, le débat autour de l’activité de la construction. Mais cette fois-ci, le volet politique – incarné notamment par la moitié des conseillers nationaux du canton – s’ajoute à la volonté syndicale.

Si des voix s’élèvent du côté du gouvernement cantonal ainsi que dans les rangs des élus fédéraux, le message a davantage de chances d’être entendu par le Conseil fédéral.
Christophe Clivaz, conseiller national

Cette dernière semaine, Unia a dénoncé quelque 283 chantiers valaisans qui ne respectaient pas les normes sanitaires. Une pétition signée par 550 salariés de la branche a également été remise au gouvernement cantonal.

Une fermeture de principe

Dans un premier temps, les élus demandent l’arrêt provisoire de tous les chantiers avant de rouvrir les sites en mesure d’appliquer les normes. Autrement dit, ils plaident pour un renversement de la logique actuelle. «Il faut privilégier une fermeture de principe plutôt qu’une ouverture de principe», résume Jean-Luc Addor (UDC).

Quand des dizaines d’ouvriers se côtoient sur un chantier, il est évident que les prescriptions de l’OFSP ne seront pas respectées.
Mathias Reynard, conseiller national

Son homologue saviésan précise: «C’est une question de bon sens. Un ouvrier qui reste seul dans sa pelle mécanique doit pouvoir travailler, mais quand des dizaines d’autres se côtoient sur un site, il est évident que les prescriptions de l’OFSP ne seront pas respectées», reprend Mathias Reynard (PS). En l’état, cette situation induit une «forme d’hypocrisie», écrivent les élus.

Pour Alain Métrailler, président de l’Association valaisanne des entrepreneurs (AVE), la fermeture de principe est inapplicable. «Par quel biais les chantiers pourront-ils demander une reprise des activités? Personne n’est en mesure de mettre en place une telle machinerie administrative», assure-t-il.

L’argument des ressources est, lui aussi, martelé par les élus qui pointent du doigt le manque de contrôles. Aujourd’hui, deux inspecteurs de la Suva sont mobilisés sur le terrain pour couvrir l’ensemble des chantiers valaisans.

Président du Conseil d’Etat, Roberto Schmidt évoque quant à lui un devoir de solidarité. «Ce serait un mauvais signal vis-à-vis des autres personnes qui doivent travailler. Si on est en mesure d’exercer son activité professionnelle, il faut le faire.»

Au lieu de restituer une petite part de liberté aux cantons, Berne leur impose un régime d’autorisation.
Jean-Luc Addor, conseiller national

Obtenir davantage

Ce vendredi, le Conseil fédéral a fait un pas en direction des cantons en permettant, sous des conditions strictes, de fermer des chantiers ou certains secteurs économiques. Pour ce faire, le système de santé cantonal doit notamment arriver à saturation, même après avoir obtenu le soutien d’autres cantons. Pour l’heure, selon le ministre Alain Berset, seul le Tessin est en mesure de déposer une demande.

«Au lieu de restituer une petite part de liberté aux cantons, Berne leur impose un régime d’autorisation», reprend Jean-Luc Addor. «Nous allons nous engager auprès de nos conseillers fédéraux pour obtenir encore plus de marge de manœuvre d’ici à la semaine prochaine», ajoute Mathias Reynard.

Nous pourrions revoir notre position si la situation sanitaire s’aggravait.
Roberto Schmidt, président du Conseil d’Etat

A travers leur démarche, les élus valaisans espèrent donner un argument supplémentaire au Conseil d’Etat pour exercer une pression sur Berne. «Si des voix s’élèvent du côté du gouvernement cantonal ainsi que dans les rangs des élus fédéraux, le message a davantage de chances d’être entendu par le Conseil fédéral», estime Christophe Clivaz (Les Verts). Le Sédunois dit cependant douter que le Conseil d’Etat soit convaincu de la nécessité de fermer les chantiers. Un sentiment légitime.

«Aujourd’hui, il n’est pas question de déposer une telle demande», souligne Roberto Schmidt. En revanche, si la situation sanitaire s’aggravait, «nous pourrions revoir notre position».

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