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Coronavirus et école: «Nous entrons cette semaine dans une phase plus pédagogique»

Depuis le 13 mars, les élèves valaisans suivent les cours à la maison. Jean-Philippe Lonfat, chef du Service de l’enseignement, tire le bilan à mi-parcours et répond aux questions des parents.

08 avr. 2020, 05:30
Jean-Philippe Lonfat répète que l’école ne sera pas prolongée cet été. Les élèves valaisans seront en vacances à la date prévue.
Rappel des faits
  • Le vendredi 13 mars 2020, les écoliers valaisans ont appris que les classes fermaient leurs portes jusqu’au 30 avril pour cause de coronavirus.
  • Une semaine plus tard, tous les centres scolaires disposaient de plateformes d’enseignement à distance.

 

Voilà environ trois semaines que les écoles sont fermées. Comment l’enseignement à distance se passe-t-il globalement?

Dans l’ensemble, cela se passe bien. Les retours des élèves et des parents sont positifs. Après la mise en place des plateformes d’échanges durant la première semaine et les différents ajustements techniques initiaux, on a pu stabiliser les canaux de transmission et renforcer les capacités de nos serveurs. Finalement, ce travail de titan s’est fait rapidement. Des écoles disposaient déjà d’une plateforme qu’elles utilisaient avant cette période.

Le 12 mars, nous ne pensions pas fermer les écoles; le 13 mars, leurs portes étaient closes! Une semaine après, la plateforme @home était créée et un site d’animation à distance était mis en ligne par la HEP. Depuis lundi, tous les enseignants et directeurs de scolarité obligatoire qui le désirent ont même la possibilité de faire des vidéoconférences sur Teams, outil sécurisé d’Office 365.

Quels sont les échos des enseignants?

Ce travail à distance nécessite un changement de manière d’enseigner, un travail considérable et beaucoup de créativité de la part des enseignants. Les deux solutions proposées sont souples, assez intuitives, et elles fonctionnent bien. Les enseignants sont en grande majorité très satisfaits. Il est clair que les voies de communication plus traditionnelles demeurent. Pour les enfants qui n’ont pas d’ordinateur, la mise à disposition de documents réels et les échanges téléphoniques permettent de maintenir le lien pédagogique. 

Comment se passe aujourd’hui l’enseignement, notamment pour les élèves aux besoins particuliers?

On commence cette semaine une phase plus pédagogique, où on entre dans un accompagnement que l’on veut plus individuel, pas seulement pour les élèves aux besoins particuliers mais pour tous les élèves. C’est clair qu’au début, il a fallu faire des ajustements, il y a des familles qui ont vu arriver des avalanches de documents. Certains enseignants ont peut-être voulu trop bien faire. Aujourd’hui, on donne davantage de conseils, on guide plus qualitativement, on insiste sur le suivi individuel qui peut se faire notamment par Teams ou par des échanges téléphoniques. Mon fils qui est en 8H est par exemple en ce moment en vidéoconférence avec son enseignante pour voir comment le travail scolaire se passe. Au final, il y aura sans doute un meilleur suivi aussi pour les enfants aux besoins particuliers.

Une maman nous dit avoir été informée que son enfant en 8H devait travailler sept périodes par jour. Elle doit donc s’occuper de son fils toute la journée. Qu’en est-il?

Elle a eu une mauvaise information. Dès la fermeture des classes, nous avons parlé de l’équivalent de quatre périodes maximum par jour pour la scolarité obligatoire. Il n’y a jamais eu de demande d’encadrement de sept périodes. On ne doit pas proposer un programme d’une journée de cours.

 

Le 30 avril me semble peu probable. J’espère que nous retrouverons nos classes entre le 15 mai et le premier juin.

 

Et pour les 1H et 2H?

Nous n’avons pas établi de différences entre les cycles 1, 2 ou 3. Bien sûr qu’en 1H et 2H, les activités seront différentes et plus courtes. A partir de la 3H, c’est toujours difficile à jauger pour l’enseignant. Cela dépend du rythme de l’élève, du temps qu’il prend pour faire les travaux demandés. C’est d’ailleurs la même chose en classe: les élèves accomplissent leurs tâches avec une application et une vitesse bien différentes. A distance, les mêmes décalages apparaissent et les enseignants doivent encore plus différencier. Dans tous les cas, il est important que les parents communiquent les éventuels problèmes aux enseignants.

Comment seront déterminés les niveaux I ou II pour les élèves aujourd’hui en 8H?

On a une moyenne stabilisée, celle du premier semestre. Maintenant, nous devons définir deux éléments: comment considère-t-on l’articulation entre le premier semestre et le semestre inachevé? Comment on considère les notes du deuxième semestre? Et comment va-t-on prendre les seuils actuels en considération; comment va-t-on discuter les cas limites? Dans tous les cas, il faut que ce soit pour le bien de l’orientation et de la promotion de l’élève et l’analyse devra aussi être individualisée. 

Une maman s’inquiète pour son enfant juste en dessous de la moyenne au premier semestre et qui devait remonter ce manque pendant le 2e semestre. Or, il ne pourra pas vu qu’il n’y a plus de notes. Si ce jeune veut aller en ECCG, pourra-t-il y accéder?

Dans une situation normale, il y a déjà des règles de promotion. Aujourd’hui, on analyse ces conditions de réussite à la lumière de cette situation de crise exceptionnelle. Dans les cas limites notamment, l’avis du titulaire et la position des parents seront également pris en compte comme les règlements le stipulent déjà aujourd’hui. Un seuil sera nécessairement fixé. Mes collaborateurs travaillent actuellement ces éléments. Rien n’est encore définitif pour l’instant.

Quand communiquerez-vous ces nouvelles règles?

Dans les deux prochaines semaines.

Les maturités auront-elles lieu?

La décision dépend de l’évolution sanitaire et de la Confédération. Il y a forcément des coordinations romande et suisse qui vont déterminer les voies à suivre. Des groupes de travail suisses, dont le Valais fait partie, étudient la situation. La réponse sera en principe annoncée par la CDIP début mai.

Quand les cours en classe reprendront-ils?

On n’a pas d’indications pour l’instant, mais tous les indicateurs ne sont pas très optimistes sur une reprise rapide. Le 30 avril me semble peu probable. J’espère que nous retrouverons nos classes entre le 15 mai et le premier juin.

L’école peut-elle être prolongée en été?

Non. Les élèves valaisans seront en vacances à la date prévue. Il n’y aura pas de prolongation d’année scolaire.

Qu’en est-il de la fin des apprentissages?

C’est aussi au niveau suisse que cela se joue. Il y a trois groupes de travail qui ont fait des recommandations. Le chef du Service de la formation professionnelle, Claude Pottier, participe activement à ces réflexions. Les décisions du SEFRI (Secrétariat à l’économie et à la formation) et du Conseil fédéral devraient aussi tomber ces prochaines semaines. 

Au fond, le coronavirus a permis d’accélérer le numérique…

C’est clair que cette crise montre une utilité et une plus-value du numérique. Cela ouvre par exemple des perspectives sur le suivi à la maison et l’emploi en classe de ces nouveaux outils. Les enseignants apprivoisent des technologies en les expérimentant concrètement, au quotidien. Dans cette perspective, cette crise est aussi source d’opportunités.

 

 

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