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Construction: la lutte contre le travail illégal en Valais s’étend aux temporaires

Pour lutter contre les infractions dans le secteur de la construction, l’Association valaisanne des entrepreneurs (AVE) a étendu son système de contrôles par badges électroniques aux ouvriers temporaires.

27 mars 2019, 11:31
/ Màj. le 27 mars 2019 à 17:37
La lutte contre le travail illégal en Valais s'étend aux ouvriers temporaires. Des badges électroniques ont été distribués mercredi matin.

Pour Anibal José Lourenço Da Costa qui vient de recevoir un badge électronique, «c’est important de savoir que l’on est protégé». Selon cet ouvrier temporaire, il est fréquent que des employeurs ne respectent pas la convention collective de travail (CCT) ou le paiement des charges sociales. Une pratique censée être mise à mal par cette carte professionnelle. «Maintenant, tout le monde est sur un pied d’égalité», résume Pierre-André Donnet, directeur du bureau de placement AVEmploi. Ce mercredi, il a distribué neuf badges à des salariés temporaires.

En Valais, le travail illégal génère des pertes abyssales. Dans le secteur principal de la construction, en termes de recettes fiscales et d’assurances sociales, le canton accuse un manque à gagner annuel d’environ 1,2 milliard de francs.
 

95
entreprises
Le nombre de sociétés basées en Valais qui ont adhéré à la démarche. 1883 badges ont ainsi été distribués. Ces derniers sont valables trois ans.


Pour endiguer le phénomène et débusquer d’éventuelles infractions, l’AVE introduisait en novembre 2017 un système de badge électronique floqué d’un QR code contenant les données professionnelles des travailleurs. «Chaque mois, grâce à une application sécurisée, des contrôles sont effectués par les commissions paritaires et les inspecteurs du travail qui vérifient que les charges sociales sont dûment payées», explique Chiara Meichtry-Gonet, sous-directrice de l’AVE. Le respect de la CCT est également analysé une fois par année.

Les temporaires aussi concernés

En seize mois, 95 entreprises basées en Valais ont adopté ce système distribuant ainsi 1883 badges. Si l’AVE dresse un bilan positif de cette première expérience, elle cherche aussi à élargir son champ d’action. C’est dans cette optique qu’elle a étendu ce système aux ouvriers sous contrats de mission.

Suivant leur statut, les membres de l’AVE paient le badge entre 0 et 10 francs pièce. Les agences intérimaires doivent quant à elles débourser 20 francs.

Une démarche volontaire

Pour l’heure, les entreprises de la construction ou les bureaux de placement qui adoptent cette démarche le font sur une base volontaire. Au même titre, les ouvriers susceptibles de recevoir un badge doivent d’abord donner leur consentement.
Mais la pratique pourrait devenir contraignante. Les porteurs du projet ne cachent pas leur ambition: ils militent pour que ce système soit uniformisé et imposé dans tout le pays. Les discussions entamées avec Berne depuis près d’un an et demi n’ont cependant pas abouti. La faute à des critères nationaux jugés trop laxistes, à en croire l’AVE.

Reste que les partisans de la carte professionnelle pourraient avoir gain de cause. Pas sur le plan législatif, mais bien par l’intermédiaire des pressions du marché. En effet, le nombre de sociétés disposant de badges électroniques a presque doublé en un peu plus d’un an. Si la progression se confirme, les maîtres d’œuvre pourraient, à moyen terme, se méfier des entreprises imperméables à ce système. «C’est une possibilité», glisse Chiara Meichtry-Gonet.

Les agences de placement acquiescent 

Si tous les bureaux de placement du canton peuvent désormais adhérer à ce système, quatre d’entre eux ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt auprès de l’AVE. D’autres devraient rapidement leur emboîter le pas, à l’instar d’Adecco qui voit «d’un bon œil» cette pratique. Annalisa Job, directrice de la communication, nuance: «Nous demeurons toutefois attentifs à ce que ce système ne devienne pas un moyen détourné d’imposer aux agences de location de services des CCT non étendues.»
 

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