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Préférence nationale: ça va bouger dans les ORP valaisans

Le Conseil fédéral veut introduire une préférence nationale à l’embauche. Les dispositions pratiques font soucis aux ORP et à certains patrons.

25 août 2017, 15:08
/ Màj. le 28 août 2017 à 05:30
Le Conseil fédéral souhaite que les entreprises actives dans des secteurs fortement touchés par le chômage fassent appel en priorité à l'ORP lorsqu'elles recrutent.

Dès le 1er janvier prochain, les entreprises devraient être obligées de demander aux ORP de leur fournir une liste de chômeurs susceptibles d’être engagés chez elles avant de procéder à un recrutement. C’est ce que souhaite le Conseil fédéral. Il a mis en consultation une révision d’ordonnance dans le but de faire appliquer l’article constitutionnel issu de l’initiative «stop à l’immigration de masse».

Cette nouvelle façon de procéder crée de l’émoi aussi bien dans les rangs des entrepreneurs que dans ceux des ORP. Par contre, les syndicats applaudissent.

Unia satisfaite

Secrétaire régional du syndicat Unia, Jeanny Morard trouve que «c’est une mesure de bon sens». Il espère juste que la mise en œuvre des décisions fédérales soit assez simple. Il explique la raison de sa satisfaction: «Dans certaines régions, des entreprises font recours systématiquement à des frontaliers, sans se demander s’il y a du personnel disponible ici. Comme le bon sens ne prévaut pas, il faut donc introduire une mesure dans la loi.»

Si la problématique des frontaliers n’est pas un phénomène prépondérant en Valais, Jeanny Morard estime que le canton n’est pas exempt de situations similaires. Il regrette certains recrutements à l’étranger: «Des entreprises qui veulent engager se tournent vers des sociétés de travail temporaire qui elles-mêmes recrutent à l’étranger. Le patron qui recherche un maçon se retrouve ainsi avec un travailleur italien sans savoir qu’un maçon d’expérience est au chômage ici.»

Avis contrasté dans les milieux patronaux

Du côté de l’association valaisanne des entrepreneurs, la mesure n’est guère appréciée. «Nous ne sommes pas contents, car cela engendre des contraintes administratives supplémentaires, sans que cela apporte une solution pour lutter contre le chômage», commente Serge Métrailler, le directeur de l’AVE. Un de ses soucis, c’est la gestion du chômage hivernal. «Une société qui a fermé pendant un mois l’hiver et qui engage 100 personnes devra annoncer 100 places de travail aux ORP. Cela va engorger les offices de placement, alors qu’en moyenne plus de 80% du personnel revient dans la même entreprise. On va mettre en place une usine à gaz qui ne sert à rien.» Usine à gaz: des mots que l’on retrouve dans la bouche d’un autre partenaire: les ORP (voir encadré).

Le directeur de la Chambre valaisanne de commerce et d’industrie est moins critique. «La mesure crée un délai supplémentaire lors d’un recrutement, mais de quelques jours. On peut vivre avec», déclare son directeur Vincent Riesen. Par contre, lui aussi estime que les nouvelles ordonnances vont poser de nombreux problèmes aux ORP, plus qu’aux patrons.

Le choix local des patrons

Vincent Riesen et Serge Métrailler sont d’accord sur un point, et diffèrent en cela de la vision diffusée par les syndicats: lorsqu’elles ont le choix, les entreprises valaisannes préfèrent engager du personnel à proximité. «C’est une question de stabilité», déclare le premier. «Les gens se connaissent et il n’y a pas une grosse mobilité dans le personnel», ajoute le second.

Le changement dans la manière de pratiquer le recrutement du personnel n’en est qu’au stade de la consultation. Serge Métrailler déclare que son organisation va tenter d’infléchir le projet d’ordonnance de la Confédération pour corriger ce qui dérange les employeurs.

Souci dans les ORP

David Fellay, chef de la section placement public à l’Etat, se fait passablement de souci. Principales sources de ses inquiétudes: les inconnus qui subsistent. «Le Seco dit qu’il y aura 180 000 postes vacants supplémentaires à saisir en Suisse. En Valais c’est très compliqué de savoir combien de postes vacants seront annoncés dans les secteurs du tourisme, de la construction et de l’agriculture.»

La question du timing de l’entrée en vigueur sera délicate à gérer pour les ORP, puisque les dispositions ne seront connues qu’en septembre, au mieux, avec une mise en application en janvier. «La Confédération a dit qu’il y aurait 270 collaborateurs supplémentaires pour l’ensemble du pays. En Valais, il devrait y en avoir entre 7 et 10. Mais entre la décision d’engagement et le moment où ces nouveaux collaborateurs seront efficaces, il faut compter une année.»

>>A lire aussi: les ORP créent 270 emplois

David Fellay ne s’oppose pas à la mesure proposée par le Conseil fédéral en tant que telle. Par contre, il craint la mise en place «d’une usine à gaz». Il ne souhaite pas, par exemple, que tous les chômeurs inscrits dans un ORP réponde à chaque offre d’emploi, ce qui noierait les entreprises sous les CV et détournerait les patrons des offices de placement publics.

Le chef des ORP se pose aussi une question: «qui va contrôler que les entreprises passent par les ORP pour leurs offres d’emploi? Et qui punit? Ce ne doit en tout cas pas être les ORP, puisque nous fonctionnons comme des partenaires des entreprises.» La question reste ouverte. Comme bien d’autres.

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