L’ancien vice-président de la région du Val d’Aoste Augusto Rollandin risque cinq ans de prison pour corruption. C’est la peine requise lors d’un procès qui se tient ce mois à Turin. Il y a deux ans, lors d’un premier jugement, l’homme politique avait écopé de quatre ans et six mois de prison. Il a fait appel, tout comme le parquet qui veut ajouter à l’addition une condamnation pour association de malfaiteurs.

L’axe Aoste-Martigny-Chamonix

Sur le banc des accusés, on trouve aussi un commerçant napolitain actif dans le Val d’Aoste, en France voisine (Chamonix, Sallanches) et en Valais où il a ouvert une société en 2010 à Martigny. Ce grossiste alimentaire, qui fournit de nombreux restaurants, a écopé de trois ans et huit mois en première instance, mais cette fois, le parquet réclame quatre ans et deux mois de prison.

Car Augusto Rollandin aurait facilité l’installation de la société de l’homme d’affaires dans des locaux valdôtains appartenant en partie à la région. Et en échange, le grossiste lui aurait rendu des services, notamment en organisant une réunion préélectorale dans ses locaux.

Avocat du commerçant, Gianpiero Di Lorenzo a déclaré lundi au «Nouvelliste» que son client et Rollandin «n’ont tiré aucun avantage illégal dans le cadre de rapports tout à fait normaux».

Mon client n’a rien à voir avec la mafia.

Me Gianpiero Di Lorenzo, avocat du grossiste

Il y a quelques années, le grossiste avait déjà été inquiété par la justice lors d’un procès où il partageait le banc des accusés avec… le premier procureur du Val d’Aoste de l’époque. Ce dernier était accusé d’avoir averti le grossiste que la police enquêtait sur ses liens avec un boss de la Ndrangheta, la mafia calabraise.

La justice avait blanchi le magistrat et le grossiste. «Mon client n’a rien à voir avec la mafia. Il a été démontré qu’il a été la victime collatérale d’un véritable complot tramé par un carabiniere (ndlr: gendarme) qui a fait de fausses déclarations en voulant nuire à ce procureur», affirme Me Di Lorenzo.

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Déménagement au Tessin

Depuis l’an dernier, le grossiste a réorganisé ses affaires à l’étranger, transférant au Tessin le siège de sa société martigneraine qui, elle, est devenue une simple filiale. Est-ce pour se prémunir des conséquences de ses démêlés judiciaires, ce d’autant plus que la société suisse n’est plus dirigée par le grossiste, mais par un Tessinois. Ce dernier nous a assuré lundi que ce déménagement s’explique par le fait que son canton offre de meilleures opportunités logistiques que l’axe du Grand-Saint-Bernard.

50 millions de chiffre d’affaires

A Rome, Me Di Lorenzo avance un second argument, «la multinationale s’est développée jusqu’à réaliser avec ses 120 employés un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros. Elle ne fait qu’adapter son management, en vue aussi d’une ultérieure possible extension en Belgique, Allemagne et Grèce.»

A Martigny, ce développement rapide en avait surpris plus d’un. Me Di Lorenzo balaye les soupçons: «C’est impressionnant, mais cela n’a rien à voir avec la mafia. Ce résultat est dû à l’habileté commerciale du grossiste qui a su gagner la confiance d’une nombreuse clientèle de restaurateurs notamment.»

Aoste: l’ancien président acquitté

L’ancien président de la région du Val d'Aoste n’ira pas en prison pour corruption, contrairement à un entrepreneur italien grossiste alimentaire, actif en Italie, ainsi qu’en Valais.