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4-Vallées: les réseaux sociaux et la presse sont sévères avec le Valais

Les 4-Vallées, l'un des plus grands domaines skiables d'Europe, sont connues bien au-delà de nos frontières cantonales. L'annonce hier, en primeur, dans les colonnes du "Nouvelliste", du cavalier seul décidé par Verbier, a fait l'effet d'une bombe sur internet. En Valais, on s'autoflagelle. A l'étranger, on estime que Verbier, aussi, a beaucoup à perdre.

24 juin 2014, 14:19
"Sauvons les 4 Vallées" veut avant tout susciter le débat et montrer aux responsables des remontées mécaniques qu'ils doivent tenir compte des intérêts des usagers.

Le plus grand domaine skiable de Suisse, le troisième en Europe, plus de 400 kilomètres de pistes, une petite centaine de remontées mécaniques... Les 4-Vallées, c'était tout ça. Depuis lundi, et l'annonce par "Le Nouvelliste" du non-renouvellement des accords liant Thyon, Veysonnaz, Nendaz, La Tzoumaz et Verbier, c'est fini. Ou presque, puisque les responsables des différentes stations laissent la porte ouverte à un possible compromis d'ici le début de la saison d'hiver.

Mais, pour de nombreux internautes, les espoirs sont minces et le choc violent. L'un d'eux, Clément Rozier, 31 ans, a lancé un groupe sur Facebook intitulé "Sauvons les 4 Vallées". Le garçon, un Français établi en Valais depuis de nombreuses années, connaît le dossier. Il a notamment vécu et travaillé pendant 10 ans à Verbier, dans divers secteurs touristiques et commerciaux.

Déjà 3'600 "J'aime"

"J'ai créé ce groupe lundi, juste après la parution de votre article. Je trouve tellement dommage d'en arriver là, de perdre ce domaine assez unique. J'ai décidé de mobiliser du monde sur internet, de susciter le débat, sans prendre parti pour l'un ou l'autre camp. Sans accuser qui que ce soit. Je veux juste dire: "Réveillez-vous! Vous êtes tous des adultes, vous gérez des sociétés qui pèsent des millions, vous devez arriver à vous mettre autour d'une table pour vous mettre d'accord."

Mardi, en milieu d'après-midi, la page avait déjà réunis plus de 3'600 mentions "J'aime". "C'est monté très vite. Je suis surpris en bien. Ça montre que les gens sont attachés à ce produit."

Clément Rozier y réunit notamment tous les articles parus sur le sujet. Et les internautes partagent massivement son avis. Christiane Briguet, par exemple, cite René Lobstein pour illustrer l'absurdité de cette séparation douloureuse. "Avant de divorcer, examine bien si ton divorce laissera ta richesse intacte. S'il doit la réduire, abstiens-toi. Mieux vaut être cocu que pauvre."

Les communautés anglophones, très présentes du côté de Nendaz ou de Verbier, sont également atterrées, à l'instar de Treena Davis pour qui "cette situation est totalement ridicule." Pour Marc Bovier, c'est un aberration. "Alors que le franc suisse devient de plus en plus fort et que nos installations vieillissent, il faut encore séparer les domaines qui ont une image et font locomotives..." Et, comme toutes les querelles internes, c'est à nos voisins que cette situation pourrait profiter. "Les Autrichiens et Français seront contents de récupérer notre clientèle étrangère... et peut-être même locale ! Genève se trouve à 1 heure de voiture de Chamonix, et à 1 h 40 du Châble... Sans parler du prix a 71.- la journée... Quel spectacle affligeant."

Encore un espoir

Certains espèrent qu'il ne s'agit que d'un "bluff pour les négociations". Au fil de la journée de lundi, d'autres ont commencé à accuser l'une ou l'autre partie. Clément Rozier a recadré le débat mardi matin. "Je veux juste rassembler un maximum de monde pour montrer que les Valaisans, mais aussi la clientèle étrangère, les SD, les cafetiers-restaurateurs, les commerçants, tout le monde à intérêt à garder ce produit 4-Vallées. Que l'image du Valais n'est pas très bonne en ce moment et que ce genre d'histoire n'arrange rien."

Il n'en va pas autrement sur la page Facebook du Nouvelliste, où, au-delà du débat stérile cherchant à dénoncer les coupables, on voit surtout un nouvel échec pour le Valais. Michel Imboden affirme, comme beaucoup, qu'on "est en train de s'enfoncer avec notre esprit de clocher à la con", ou Alain Viglino qui demande "est-ce que vous vous rendez compte du dégât d'image pour le secteur du tourisme valaisan?" "Immense fiasco", "honteux!", "c'est d'un triste et pitoyable", "vraiment dommage pour le Valais", Grégory Froidevaux parle de "comportement primitif". Il n'y a personne pour défendre, ne serait-ce que du bout des lèvres, l'attitude des dirigeants des stations impliquées. Pas davantage de compassion sur notre site internet, où les commentaires fustigent unanimement la "balle dans le pied" que se tirent les Valaisans. "Pauvre Valais! Même plus besoin des autres pour la catastrophe!", regrette par exemple Savièse63.

Dans la presse

"La plus grande station de ski de Suisse désintégrée", titre le "Walliser Bote", qui note que cet argument marketing marteau ne pourra désormais plus être utilisé. Dans "24 heures", on parle carrément de "guerre" entre Verbier et Veysonnaz et d'un vaste domaine skiable "à l'agonie." Au bout du lac, la "Tribune de Genève" accroche en Une "Querelle à la valaisanne: Verbier perd les 4 Vallées", renversant quelque peu la vision des autres médias... et de Téléverbier qui parle de son côté de "trois morts et un survivant". Le quotidien genevois n'hésite pas à parler d'un domaine "victime du chantage de Téléveysonnaz". La RTS, pour sa part, a consacré une large plage (13 minutes) de son émission Forum de lundi à ce dossier.

Côté alémanique, la nouvelle n'émeut presque personne. Pas trace des "4-Vallées" dans les grands quotidiens d'Outre-Sarine, hormis dans le "Blick" qui reprend l'Agence télégraphique suisse.

Les sites spécialisés

Sur le site francophone numéro 1 dans le monde de la glisse, Skipass, c'est le prix du forfait à Verbier, en augmentation pour une offre moins étendue, qui fait bondir bob@jah: "c'est du foutage de gueule leur combine: 71 francs par journée pour le domaine de Verbier." Pour Tan Da Boss, c'est encore le client qui trinque: "On fera comment pour aller de l'un à l'autre? Je sens bien le conflit où pour trouver une solution, on va se prendre une augmentation de 10/15.- pour le forfait journée." "Zermatt (certes pas la porte à côté) et ses 79.- ne sont plus très loin", estime tartiflette_power.

Pour les blogs étrangers, Verbier a beaucoup à perdre

A l'étranger. le premier à avoir réagi, c'est wepowder, un blog spécialisé dans le freeride, qui titre "La fin des 4 Vallées la saison prochaine?". Le blogueur trouve ça "plutôt bizarre". Que des stations voisines s'allient, c'est la tendance dans toutes les régions du monde. "Mais c'est assez rare de voir que des sociétés de remontées mécaniques ne parviennent pas à trouver un accord." Pour les freeriders, les conséquences pourraient être importantes. "Par exemple, vous ne pourrez probablement plus rejoindre Chassoure depuis Tortin (ou vous devriez acheter deux forfaits.)"

Un autre site spécialisé, prisé des Britanniques, clientèle importante pour les "4-Vallées", Where to Ski and Snowboard, reprend la nouvelle en titrant "Une dispute met fin aux 4 Vallées". Pour ce guide, l'équivalent du Michelin des stations de ski, il est trop tôt pour juger les conséquences. "Nous attendons plus de détails pour savoir à quoi correspond la nouvelle offre et comment on pourra passer d'une station à l'autre à partir de la saison prochaine."

Quelles conséquences sur le terrain?

Chez Planetski, on regrette cette décision, même si, "les 4-Vallées étaient avant tout une affaire de marketing, parce que les stations ne sont pas très bien reliées, et les gens ne passent pas d'une station à l'autre comme ils le font entre Val d'Isère et Tignes dans l'Espace Killy ou entre Méribel et Courchevel dans les Trois Vallées." Sur le forum anglophone snowheads.com, plusieurs internautes assurent que Verbier, contrairement à ce qu'affirment ses dirigeants, a beaucoup à perdre. "En terme de pertes de millions, peut-être que Verbier à plus à perdre si 10 à 20 % de ses clients habituels partent du côté des Trois Vallées ou de Val d'Isère."

Planetski relativise la gravité de la situation, "ce n'est pas comme si Avoriaz quittait les Portes-du-Soleil", mais on reconnaît que "ça aura un impact sur les vacances des gens et ils pourraient bien aller voir ailleurs." La thèse du pur argument de négociations est aussi soulevée ici. "Si c'est le cas, c'est très risqué de la part de Verbier qui pourrait perdre d'importants sites de freeride pour lesquels elle est réputée."

Ce sont les conséquences sur le terrain qui suscitent le plus d'interrogations. Le Mont-Fort par exemple. Avec son fameux "Backside", très prisé des freeriders, mais qui se termine du côté de Nendaz. Avec un forfait Verbier, impossible de remonter...Une situation qui inquiète Felix Tanguay, co-directeur de l'école de freeride Powder Extreme. "On n'a pas beaucoup d'informations et c'est difficile de comprendre comment ça va marcher, concrètement. Mais pour être honnête, je ne pense pas qu'ils en aient la moindre idée eux-mêmes, parce que ça n'a pas de sens. S'ils ne parviennent pas à un accord avant la neige, on va devoir être un peu plus créatifs pour choisir nos itinéraires." Et Planetski de conclure: "Verbier devient plus petit."

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