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Un pont "genevois" record sur le Boshpore

Le Bosphore se verra bientôt traversé par un troisième pont. Et c'est à un bureau genevois, T ingénierie, qu'a été confié le projet.

29 mai 2013, 13:12
Le troisième pont sur le Bosphore dépassera de 31 mètres celui de Tsing-Ma (Hong Kong), qui détient actuellement le record du monde.

La Turquie a décidé de s'offrir un troisième pont sur le Bosphore afin de soulager le trafic de la mégalopole Istanbul. Aux avant-postes de l'imposant projet figure le bureau genevois T ingénierie, qui a dessiné et planifié cet ouvrage battant plusieurs records.

Avec sa portée de 1408 mètres, le futur pont suspendu sera le plus long au monde emprunté à la fois par les trains et les voitures, a indiqué à l'ATS Pierre Moia, le président de T ingénierie. Il s'exprimait à l'occasion du premier coup de pioche, qui s'est déroulé mercredi en présence du président turc Abdullah Gül, ainsi que du premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Le troisième pont sur le Bosphore dépassera de 31 mètres celui de Tsing-Ma (Hongkong), qui détient actuellement le record du monde. L'ouvrage commandé aux Genevois sera associé à d'autres superlatifs: avec leurs 325 mètres, soit 1 mètre de plus que ceux de la Tour Eiffel, les piliers seront les plus hauts de la planète. Quant au tablier, il battra un nouveau record de largeur (58 mètres).

Plusieurs défis techniques

Interrogé sur les raisons qui ont poussé les ingénieurs à privilégier des piliers et un tablier si imposants, le chef de projet Jean-François Klein renvoie aux conditions listées dans l'appel d'offres du gouvernement turc. Ce dernier exigeait en effet que le nouveau pont suspendu tienne compte de l'architecture des deux autres ouvrages enjambant le Bosphore.

Cette condition représente un défi de taille: alors que les ponts existants ont été conçus pour accueillir uniquement le trafic routier, la nouvelle liaison entre l'Europe et l'Asie est destinée en sus au trafic ferroviaire.

Afin d'avoir égard au style des ponts actuels, T ingénierie a dû placer les deux voies ferrées au milieu des huit voies destinées aux voitures. Les concepteurs de ponts favorisent généralement des constructions à deux étages - un pour les autos et un pour les trains -, qui sont plus stables.

Le défi de l'étage unique, les Genevois l'ont relevé en combinant la structure d'un pont suspendu classique avec celle d'un pont à haubans, où la chaussée est maintenue par des câbles tendus obliquement depuis les pylônes. Le but est d'éviter que l'ouvrage ne se tasse trop lors du passage des trains.

Une autre contrainte à laquelle ont dû faire face les ingénieurs est celle du calendrier. Les autorités turques ont en effet demandé que le pont de 800 millions de dollars (777 millions de francs) soit réalisé dans un délai de 3 ans, afin d'être ouvert au trafic en automne 2015.

Les deux piliers devraient déjà s'élever aux deux tiers de leur hauteur en décembre prochain. En règle générale, il faut compter deux fois ce temps pour la conception d'un ouvrage comparable, souligne Jean-François Klein.

Plus de 100 millions de véhicules

La future traversée du détroit turc se fera à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale, à proximité de l'embouchure de la mer Noire. Elle permettra de décongestionner les deux ponts actuels, qui voient défiler chaque année plus de 100 millions de véhicules.

Le trafic a considérablement augmenté ces dernières années dans la tentaculaire cité aux 15 millions d'habitants. Aux heures de pointe, il est devenu normal pour les automobilistes de ronger leur frein longuement à l'entrée des deux ponts.

Les opposants au nouveau projet estiment que la ville serait mieux inspirée d'investir dans une amélioration de l'offre en transports publics. Autres sujets de critique: la déforestation entraînée par la construction du pont et de l'autoroute liée, ainsi que le risque de voir la gigantesque Istanbul s'étendre encore sous l'impulsion de ce nouvel axe de circulation.

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