Une pétition de 25'000 signatures a été déposée mardi à la Chancellerie fédérale. Elle demande l'adoption du pavillon suisse pour le navire humanitaire Aquarius, actuellement immobilisé à Marseille.
La campagne continue autour de l'Aquarius en Suisse. Une lettre ouverte d'appel à la solidarité et signée par de nombreuses personnalités avait été transmise au Conseil fédéral lundi. Ce mardi, une pétition de 25'000 signatures, récoltées en deux semaines, a été déposée à la chancellerie fédérale.
Sur place, une mobilisation organisée par Amnesty International accompagnait la remise. Les manifestants portaient des gilets de sauvetage orange et des banderoles appelant à l'accueil des réfugiés.
Le navire Aquarius, affrété par SOS Méditérrannée et Médecins sans frontières, s'est vu retirer son pavillon panaméen fin septembre. Depuis, il mouille en attente dans les eaux du port de Marseille.
Soutiens dans presque tous les partis
"La Suisse a un statut particulier et une tradition humanitaire" a déclaré à Keystone-ATS Nicolas Morel, à l'origine de la pétition. "Le siège du Haut-commissariat aux réfugiés se trouve d'ailleurs ici en Suisse."
La conseillère nationale Ada Marra (PS/VD), présente sur place, indique que "25'000 signatures en deux semaines seulement, c'est énorme. La société civile s'exprime. C'est un message positif pour le Conseil fédéral. Il sait qu'il a le soutien du peuple sur cette question."
Selon le Matin dimanche, les conseillers nationaux Aline Trede (Verts/BE), Guillaume Barrazone (PDC/GE) et Kurt Fluri (PLR/SO) sont aussi favorables à l'adoption du pavillon suisse.
Nicolas Morel relativise donc: "Sauf l'UDC, tous les partis nous soutiennent plus ou moins. Ce n'est pas juste une initiative de gauche, mais on connaît le rapport de force. Il faut continuer de faire pression. Si on ne fait rien, les conditions en Méditerranée vont empirer."
Appel au Conseil fédéral
Lors de la remise des signatures, Nicolas Morel a déclaré que retirer son pavillon à l'Aquarius était une "ignoble décision" et a rappelé que le navire a sauvé près de 30'000 personnes en deux ans. Décrivant la situation comme historique, il appelle à la responsabilité du Conseil fédéral: "Il est temps d'avoir du courage politique."
Manon Schick, directrice d'Amnesty International Suisse, a renvoyé la responsabilité aux gouvernements européens derrière les morts en méditerranée, et qualifié le refoulement de réfugiés en Libye d'"irresponsable et immoral".
Derrière le retrait de pavillon de l'Aquarius, elle dénonce la dernière attaque en date contre les ONG. "La Suisse profite de ne pas avoir d'accès à la mer pour fermer les yeux."