Les actes hostiles à l'égard des musulmans en Suisse sont à la hausse, constate la Commission fédérale contre le racisme (CFR). Cette dernière a organisé un colloque public lundi à l'Université de Fribourg, afin d'apporter un éclairage scientifique à la réalité de l'islam en Suisse.
La journée de conférences a été organisée en partenariat avec le Centre Suisse Islam et Société de l'Université de Fribourg (CSIS) et le Centre de recherche sur les religions de l'Université de Lucerne (ZRF). Au programme figurent les conclusions des dernières études menées sur les relations avec les musulmans et la perception de ces derniers en Suisse.
Réseaux sociaux en cause
Selon les organisateurs, l'hostilité à l'égard des musulmans en Suisse est à mettre en lien avec les discours sur l'islam - dans les médias ou dans le discours politique - qui amplifient exagérément certains aspects religieux. Par ailleurs, "ce rejet est nourri par des faits qui n'ont rien à voir avec les musulmans en tant que tels, mais avec des événements internationaux", explique Martine Brunschwig Graf, présidente de la CFR, dans une interview publiée lundi par Le Quotidien Jurassien. "Il existe donc un amalgame", analyse-t-elle.
Les organisateurs pointent du doigt notamment les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter ou Youtube, qui facilitent la diffusion de contenus hostiles aux musulmans, et ceci à moindres coûts. "Depuis des années, les musulmans font le frais de ce type de propagande, qui exacerbe les émotions, sème la méfiance et génère de l'exclusion sociale", affirment-ils.
Outils de lutte
Selon Martine Brunschwig Graf, "il n'existe pas de recette miracle" pour lutter contre l'hostilité envers les musulmans. "Cependant, il y a des pas dans la bonne direction". La création, à l'Université de Fribourg, du Centre Suisse Islam et Société (CSIS) "qui parle de l'islam et qui l'analyse de manière scientifique" en est un, affirme-t-elle au Quotidien Jurassien.
Ce centre de compétences a débuté son activité en janvier 2015. Il est soutenu par le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI).
Par ailleurs, la présidente de la CFR estime que "former des imams en Suisse permet de leur transmettre des connaissances sur les pratiques et la démocratie helvétiques". Par contre, il reste des efforts à faire "pour améliorer la représentation des musulmans. Il manque encore des interlocuteurs auxquels les autorités puissent s'adresser", déclare-t-elle.