Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Prix unique du livre: manque de diversité pour les opposants

Les opposants au prix unique du livre dénoncent le manque de diversité et de qualité de l'offre.

09 févr. 2012, 12:00
franziska_troesch-schnyder

Le prix unique du livre n'assurera forcément la diversité et la qualité de l'offre, dénoncent ses opposants. Selon eux, un cartel profitera aux grandes librairies et non aux petites, sans que les lecteurs et les auteurs n'y trouvent leur compte.

Personne ne conteste l'objectif de la nouvelle loi en votation le 11 mars, à savoir promouvoir la diversité et la qualité du livre et garantir le plus grand accès aux ouvrages aux meilleures conditions. Mais les mesures proposées font fausse route, a déclaré Franziska Troesch-Schnyder, présidente de l'association alémanique de consommateurs kf.

Aucune assurance pour les auteurs

L'îlot de cherté suisse va en effet être bétonné, selon elle. Car il n'y aucune raison de penser que les grandes maisons d'éditions et les importateurs (80% du marché) ne baissent les prix. Pas plus qu'ils n'utilisent leurs bénéfices pour promouvoir le livre et soutenir les auteurs suisses, la loi ne le réclamant pas.

L'hypothèse qu'au travers d'un prix unique, plus d'auteurs trouveront une maison d'édition qui publiera leurs ouvrages est une illusion, selon le comité. Les éditeurs négocient en effet seulement des livres qu'ils peuvent vendre. Mieux vaudrait donc miser sur l'aide culturelle directe et la développer.

Ni pour les petits libraires

L'argument de la garantie d'un réseau dense de petits libraires est aussi battu en brèche. Le prix unique ne servirait que les plus grands, comme Thalia ou Payot, qui, pour partie, appartiennent à des chaînes étrangères.

En Allemagne, sur 6300 librairies, 2500 ont mis la clef sous la porte depuis 2005 malgré le prix unique. En France, sur 2500 librairies indépendantes, 1000 devraient disparaître dans les cinq ans.

Nouvelles habitudes

Leur problème, ce n'est pas le prix mais le fait que les habitudes des consommateurs ont changé, a estimé le vice-président des Jeunes libéraux-radicaux Philippe Nantermod. En effet, dans l'Hexagone, les librairies ont perdu, entre 1994 et 2007, près du tiers de leurs parts de marché au profit des grandes surfaces spécialisées (type FNAC) ou non spécialisées et des achats sur Internet.

Elles doivent donc se réinventer, comme elles l'on fait aux Etats-Unis, où le marché du livre est libre, estime le jeune Valaisan. Selon l'American Booksellers Association, 614 librairies ont ouvert depuis 2005.

Pour Philipp Karger, ancien gérant d'une librairie, il faut miser sur une spécialisation sur des domaines clés ou sur un lien avec la qualité. Car au final, le lecteur est prêt à consentir une prix un peu plus élevé s'il répond à un service.

Et un recul du nombre de librairies n'est pas forcément gage d'appauvrissement culturel. Ainsi, au Royaume-Uni, le chiffre d'affaires de la branche a augmenté et l'offre reste diversifiée. Ce que ne garantit pas un prix unique: s'il n'a pas de marge de manoeuvre, un petit libraire y réfléchira à deux fois avant de proposer un ouvrage qui ne se vend pas, a affirmé Philipp Karger.

Commerce en ligne

Les opposants au cartel ne pas manqué de rebondir sur la polémique entourant les achats sur Internet à l'étranger. Elle empêche, selon eux, le citoyen de se faire une opinion claire.

Si le prix unique s'applique au commerce en ligne transfrontalier, les consommateurs iront directement faire leurs achats de l'autre côté de la frontière ou reporteront leur choix sur le livre numérique. Dans le cas inverse, Amazon continuera de gagner en parts de marchés, selon Philippe Nantermod.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias