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Or de la BNS: les Suisses n'ont pas désavoué les élites et dit "non" à l'initiative

Tous les partis gouvernementaux ont fait part de leur soulagement à l'issue du scrutin. Ils sont ravis que les Suisses aient suivi leurs mots d'ordre et refusé l'initiative sur l'or.

30 nov. 2014, 15:46
Les électeurs ont été sensibles à l'argument que la banque centrale aurait été limitée dans sa politique monétaire, en particulier face à l'euro.

Même si l'initiative sur l'or a gagné des points au fil des sondages, les Suisses ont finalement suivi les mots d'ordre des partis gouvernementaux et les explications des experts de la BNS. Même la valse-hésitation au sein de l'UDC n'a pas séduit la population, obligée de se pencher sur un texte technique.

La Banque nationale suisse (BNS) a joué un rôle-clé pendant la campagne pour faire pencher la balance du côté du non, estime l'un des trois initiants Luzi Stamm (AG). Les électeurs ont été sensibles à l'argument que la banque centrale aurait été limitée dans sa politique monétaire, en particulier face à l'euro.

Principe de réalité

Pour le conseiller national UDC, Guy Parmelin (VD), "l'initiative partait d'une bonne intention", mais s'est heurtée au principe de réalité. Alors que le Vaudois était contre cette initiative à l'instar de la direction de l'UDC, la section vaudoise de l'UDC avait penché pour le "oui" comme une vingtaine d'autres sections cantonales.

"L'initiative aura au moins permis d'obtenir des réponses à plusieurs questions concernant la politique monétaire du pays", a dit son collègue de parti, le Genevois Yves Nidegger, mais lui membre du comité des défenseurs de l'initiaitive. Reste que le résultat du scrutin de dimanche "n'est pas brillant", a-t-il déploré.

Preuve de confiance

Dans le camp des vainqueurs, le "non" cinglant à l'initiative "Sauvez l'or de la Suisse" est une preuve de la confiance qu'accordent les citoyens helvétiques à leur banque centrale, estime le conseiller national Dominique de Buman, membre du comité opposé au texte. Il en profite pour appeler l'UDC à "maîtriser ses électrons libres".

Grâce à la "gifle" qu'ont infligée dimanche les votants à l'initiative, la BNS pourra demeurer indépendante, a rappelé le démocrate-chrétien fribourgeois. Une indépendance qui contribue fortement "à faire de la politique monétaire suisse l'une des meilleures au monde".

"La crédibilité de la BNS n'a pas souffert"

"La crédibilité de la BNS n'a pas souffert", a déclaré l'économiste en chef chez UBS en Suisse, Daniel Kalt. Il ne s'attend pas non plus à des effets majeurs du résultat du vote sur le marché de l'or. Mais il n'exclut pas que le succès de l'initiative aurait eu un effet "certain".

Le rejet clair de l'initiative sur l'or est très important pour la Suisse, a déclaré Monika Rühl, directrice d'economiesuisse, à la télévision alémanique. La Suisse a besoin d'une banque nationale forte. Les banquiers centraux ont réussi à stabiliser le franc suisse. Pour faire fonctionner cette politique, la BNS a besoin de souplesse.

Capacité de manoeuvre maintenue

La capacité de manoeuvre de la BNS est ainsi maintenue, ont souligné Fernando Martins Da Silva, responsable de la politique de placement de la Banque cantonale vaudoise, et Sergio Rossi, professeur d'économie monétaire à l'Université de Fribourg.

"L'action de la BNS aurait été très clairement péjorée, si elle avait été obligée de détenir 20% de ses fonds en or sans possibilité de vendre", a poursuivi le responsable de la BCV. "Sans compter que le niveau d'or qu'elle aurait eu en sa possession aurait été beaucoup trop élevé".

Cantons soulagés

"Sans cette charge, elle pourra intervenir plus facilement si les pressions sur le franc suisse continuaient à être forte", a poursuivi le spécialiste. La BNS pourra donc verser le milliard annuel à la Confédération et aux cantons, jusqu'en 2017, date où la convention devra être renégociée.

Les cantons respirent. "Le peuple a vu qu'il s'agissait d'un chemin sans issue", a dit le conseiller d'Etat zougois Peter Hegglin, à la tête de la Conférence des directeurs cantonaux des finances. Le fait que les cantons auraient pu perdre la manne provenant de la BNS a aussi pu jouer un rôle dans le résultat du scrutin, avance-t-il.

"Avec ce non, on a évité un vote épidermique basé sur l'insécurité", a dit pour sa part Sergio Rossi, professeur d'économie monétaire à l'Université de Fribourg. "Les Suisses ont pu en apprendre plus sur la politique monétaire de leur pays. Cela les a préparés au prochain vote sur l'initiative de la monnaie pleine", conclut le professeur.

Enfin, tous les partis gouvernementaux ont fait part de leur soulagement à l'issue du scrutin.

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